Bref plan explicatif du Cœur de la connaissance transcendante
Bref plan explicatif du Cœur de la connaissance transcendante
par Ngultchou Dharmabhadra
Namo Mañjughoṣāya!
Cette brève explication du Cœur de la sagesse comprend quatre sections : 1) le titre; 2) l’hommage des traducteurs; 3) le texte proprement dit; 4) la conclusion.
I. Le titre
En sanskrit : bhagavatī prajñāpāramitā hṛdaya En tibétain : bcom ldan 'das ma shes rab kyi pha rol tu phyin pa'i snying po
II. L’hommage des traducteurs
Hommage à la Noble Connaissance transcendante, Bhagavatī Prajñāpāramitā !
III. Le texte proprement dit
Cette section se décline en deux parties : 1) le contexte dans lequel le sūtra a vu le jour; 2) le sūtra en tant que tel.
A. Le contexte
Il comporte deux aspects : 1) le contexte général; 2) le contexte extraordinaire.
1. Le contexte général
Celui-là implique quatre éléments : 1) le moment parfait; 2) l’enseignant parfait; 3) le lieu parfait; 4) l’entourage parfait.
a. Le moment parfait
Voici ce que j’ai entendu. Une fois (…)
b. L’enseignant parfait
(…) le Bienheureux (…)
c. Le lieu parfait
(…) demeurait au pic des Vautours de Rājgṛha (…)
d. L’entourage parfait
(…) entouré d’une grande communauté de moines et d’une vaste assemblée de bodhisattvas.
2. Le contexte extraordinaire
Le Bienheureux entra alors dans l’état de recueillement appelé « Profonde apparence », portant sur les catégories de phénomènes. Au même moment, le bodhisattva, le grand être, le noble Avalokiteśvara, qui contemplait la pratique de la profonde connaissance transcendante, vit que les cinq agrégats étaient vides de toute essence.
B. Le sūtra en tant que tel
Il s’articule en quatre parties : 1) la question posée par Śāriputra; 2) la réponse fournie par Avalokiteśvara; 3) l’approbation accordée par l’enseignant; 4) l’engagement pris par l’entourage.
1. La question de Śāriputra
Alors, inspiré par le pouvoir du Bouddha, le vénérable Śāriputra s’adressa au bodhisattva mahāsattva, au noble Avalokiteśvara, et lui demanda : « Comment devrait s’entraîner un fils ou une fille de noble famille qui souhaite pratiquer la profonde prajñāpāramitā ? »
2. La réponse d’Avalokiteśvara
Celle-ci comprend quatre parties : 1) la transition; 2) les enseignements spécifiques pour ceux dont les facultés sont moindres; 3) la révélation du mantra, en quelques mots, pour ceux dont les facultés sont élevées; 4) un conseil résumant l’entraînement.
a. La transition
Voici ce que le noble et grand bodhisattva Avalokiteśvara répondit au vénérable Śāriputra. « Ô Śāriputra, le fils ou la fille de noble famille qui souhaite pratiquer la profonde perfection de sagesse doit considérer les choses ainsi (…)
b. Pour ceux dont les facultés sont moindres
En deux parties : 1) la façon de s’entraîner en cheminant sur les cinq voies; 2) le fait qu’il s’agisse de l’unique voie empruntée par tous les bouddhas.
i. Les cinq voies
Abordons-les en quatre sous-sections : 1) l’entraînement sur les voies de l’accumulation et de la jonction; 2) l’entraînement sur la voie de la vision; 3) l’entraînement sur la voie de la méditation; 4) l’entraînement sur la voie où il n’y a plus rien à apprendre.
1. Les voies de l’accumulation et de la jonction
On a ici 1) un résumé succinct et 2) une explication détaillée.
a. Bref résumé
(…) il lui faut voir que les cinq agrégats sont vides, dénués de nature propre.
b. Explication détaillée
Celle-ci comprend deux parties : 1) l’entraînement en lien avec l’agrégat de la forme; 2) l’application de cette logique aux autres agrégats.
1. L’agrégat de la forme
Les formes sont vides ; la vacuité elle-même, ce sont les formes. La vacuité n’est autre que la forme ; la forme n’est autre que la vacuité.
2. Les autres agrégats
De la même façon, les sensations, les représentations, les formations[1] et les consciences sont vacuité.
2. La voie de la vision
Par conséquent, Śāriputra, tous les phénomènes sont vacuité ; ils sont dépourvus de caractéristiques propres ; ils ne naissent ni ne cessent ; ils ne sont ni souillés ni non souillés ; et ils ne connaissent ni décroissance ni croissance[2].
3. La voie de la méditation
Celle-ci s’articule en deux parties : 1) l’entraînement sur la voie de la méditation en général; 2) en particulier, l’entraînement au samādhi semblable au vajra à la fin du continuum.
a. En général
Cette sous-section comporte sept parties : 1) la non-apparence des cinq agrégats; 2) la non-apparence des douze sources; 3) la non-apparence des dix-huit éléments; 4) la non-apparence des douze liens des origines dépendantes; 5) la non-apparence des quatre vérités; 6) la non-apparence de l’essence des voies qui mènent à l’accomplissement; 7) la non-apparence du fruit à atteindre.
1. Les cinq agrégats
Donc, Śāriputra, dans la vacuité, il n’y a ni forme, ni sensation, ni représentation, ni formation, ni conscience.
2. Les douze sources
Il n’y a ni œil, ni oreille, ni nez, ni langue, ni corps, ni esprit. Il n’y a ni forme visible, ni son, ni odeur, ni saveur, ni objet tangible, ni phénomène mental.
3. Les dix-huit éléments
Il n’y a pas d’élément visuel et ainsi de suite jusqu’à : il n’y a pas d’élément mental ni d’élément de la conscience mentale.
4. Les douze liens
Il n’y a ni ignorance, ni extinction de l’ignorance, et ainsi de suite jusqu’à : il n’y a ni vieillesse, ni mort, ni cessation de la vieillesse et de la mort.
5. Les quatre vérités
De même, il n’y a ni souffrance, ni origine de la souffrance, ni cessation, ni chemin (…)
6. Les voies
(…) ni sagesse (…)
7. Le fruit
(…) ni fruit à atteindre ou à ne pas atteindre.
b. En particulier : le samādhi semblable au vajra
Ainsi, Śāriputra, puisque les bodhisattvas n’ont pas de fruit à atteindre, ils s’en remettent à la prajñāpāramitā et s’y établissent.
4. La voie où il n’y a plus rien à apprendre
L’esprit libre de tout obscurcissement, ils ne craignent rien. Ils transcendent totalement les méprises et accèdent au nirvāṇa ultime.
ii. L’unique voie
Tous les bouddhas des trois temps parviennent à l’éveil complet, authentique et insurpassable au moyen de la prajñāpāramitā.
c. Pour ceux dont les facultés sont élevées
En deux parties : 1) la grandeur du mantra; 2) la révélation de ce mantra si merveilleux.
1. La grandeur du mantra
Ainsi, le mantra de la perfection de la sagesse – le mantra de la grande connaissance, le mantra insurpassable, le mantra inégalé, le mantra qui apaise toute souffrance – ne ment pas et l’on doit en reconnaître la vérité.
2. Le mantra proprement dit
Ce mantra de la prajñāpāramitā, le voici proclamé :
[OṂ] GATE GATE PĀRAGATE PĀRASAṂGATE BODHI SVĀHĀ
d. Conseil récapitulatif
Voilà comment, Śāriputra, les bodhisattvas mahāsattvas doivent s’entraîner à la profonde perfection de la sagesse. »
3. L’approbation de l’enseignant
Alors le Bienheureux sortit de son recueillement et félicita le grand être, le bodhisattva, le noble Avalokiteśvara : « Excellent, excellent, fils de noble famille ; il en est bien ainsi, et c’est ainsi qu’il faut pratiquer la profonde perfection de la sagesse, ce qui réjouira même les tathāgatas. »
4. L’engagement de l’entourage
Quand le Bienheureux eut prononcé ces mots, le vénérable Śāriputra, le noble bodhisattva mahāsattva Avalokiteśvara, toute l’assemblée, de même que le monde des dieux, des humains, des asuras et des gandharvas, se réjouirent et louèrent les paroles du Bienheureux.
IV. La conclusion
Ainsi s’achève le sūtra du Mahāyāna intitulé La Mère sacrée, le Cœur de la perfection de la sagesse transcendante.
[Ce plan fut] écrit par le bhikṣu Dharmabhadra.
| Traduit en français par Vincent Thibault (2025) sur la base de la traduction anglaise d’Adam Pearcey (2019). À quelques mots près, la version du Cœur de la Connaissance transcendante utilisée ici est celle parue sur le site en 2022.
Bibliographie
Sources primaires
"Shes rab kyi pha rol tu phyin pa'i snying po" in bka' 'gyur (dpe bsdur ma) (BDRC W1PD96682). Vol. 34: 426–429. Beijing: Krung go'i bod rig pa'i dpe skrun khang /, 2006–2009.
Dharma bhadra. "shes rab snying po'i bsdus don sa bcad" in d+harma b+ha dra'i gsung 'bum. (BDRC W6493). Vol. 4: 49–51. [s.l.]: [dngul chu bla brang], [2000?].
Sources secondaires (en anglais)
Brunnhölzl, Karl, The Heart Attack Sutra: A New Commentary on the Heart Sutra. Boston: Shambhala Publications, 2012.
Dalai Lama, the Fourteenth. Essence of the Heart Sutra: The Dalai Lama's Heart of Wisdom Teachings. Translated and edited by Geshe Thupten Jinpa. Boston: Wisdom Publications, 2002.
Lopez, Jr., Donald S. Elaborations on Emptiness: Uses of the Heart Sūtra. Princeton NJ: Princeton University Press, 1996.
______. The Heart Sūtra Explained: Indian and Tibetan Commentaries. Albany: State University of New York Press. 1988.
Sources secondaires (en français)
Le Soûtra du Diamant et autres soûtras de la Voie médiane. Traductions du tibétain par Philippe Cornu, du chinois et du sanskrit par Patrick Carré. Paris : Fayard, 2001.
Sa Sainteté le Dalaï-Lama, Leçons de sagesse : Le soutra du cœur. Traduit du tibétain et édité par Geshe Thupten Jinpa, traduit de l’anglais par Alain Wang. Paris : Plon, 2005.
Version : 1.1-20250901