Une brève explication de la prise de refuge

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Dodrupchen Jigme Tenpe Nyima

Champ de mérites

Une brève explication de la prise de refuge[1]

par Dodrupchen Jigmé Tenpai Nyima

Avec une compassion non conceptuelle,
Vous protégez les êtres des innombrables domaines d’existence.
Je rends hommage au Seigneur des Sages et à ses héritiers !

J’exposerai ici en quelques mots les principes de la prise de refuge. Cette explication comporte cinq sections : 1) les sources de refuge ; 2) l’essence du refuge ; 3) son sens littéral ; 4) ses divisions ; 5) les bienfaits de la prise de refuge.

1. Les sources de refuge

Comme on peut le lire dans le Bodhicaryāvatāra, on se réfugie auprès de trois objets :

Jusqu’au cœur de l’éveil,
Je prends refuge dans les bouddhas,
Je prends également refuge dans le Dharma,
Et dans l’assemblée des bodhisattvas[2].

Le premier est le joyau du Bouddha, l’ultime source de refuge possédant le svabhāvikāya, qui est la vérité ultime de la cessation, et le dharmakāya de sagesse, qui est la vérité ultime de la voie. Ici, le svabhāvikāya est la nature de vacuité de la sagesse du tathāgata, qui est libre de souillures adventices. Le dharmakāya de sagesse est l’omniscience présente dans le continuum de l’esprit éveillé d’un noble bouddha. Ces qualités et les bouddhas qui les possèdent constituent le joyau du Bouddha.

Le joyau du Dharma comprend les deux vérités de la cessation et de la voie. La sagesse présente dans l’esprit éveillé des nobles (ārya) constitue le vrai chemin, et le fait que ces nobles soient dépourvus du moindre obscurcissement constitue la vraie cessation. Cette absence doit aussi être comprise comme étant la vacuité supérieure et non entachée des ārya.

Le joyau du Saṅgha comprend les ārya, qui sont notamment de quatre types. En somme, les nobles, ou ārya, sont ceux et celles qui ont atteint la sagesse non contaminée. Les « quatre types de nobles » incluent le trio des śrāvakas, pratyekabuddhas et bodhisattvas, auquel on ajoute les nobles bouddhas. Il arrive aussi qu’on parle seulement de trois catégories d’ārya.

2. L’essence du refuge

L’essence du refuge consiste à placer nos espoirs dans les Trois Joyaux, en les considérant comme nos amis et protecteurs. Ceci correspond au facteur mental de l’« intention[3] ». Quand ils sont accompagnés par une telle intention, tous les autres états mentaux en prennent pour ainsi dire la couleur.

3. Le sens littéral

Comme l’esprit est attiré par les Trois Joyaux et qu’il s’en approche pour s’y réfugier, c’est ce qu’on appelle « prendre » (ou « chercher ») refuge. C’est analogue au mouvement qu’on ferait en ayant l’intention de boire de l’eau. En termes simples, on est attiré par les objets de refuge, mû par une intention combinée à de l’espoir.

4. Les divisions

Il y a deux divisions :

  • La prise de refuge causale : elle implique de placer ses espoirs dans les Trois Joyaux manifestés extérieurement comme des supports et protecteurs en mesure de nous libérer des terreurs de cette vie et des vies futures.
  • La prise de refuge résultante : elle implique de placer ses espoirs dans les sources de refuge résultantes comme étant des supports et protecteurs atteignables, avec le souhait de manifester ou d’atteindre ces Trois Joyaux au sein de notre propre esprit.

5. Les bienfaits

Prendre refuge dans les Trois Joyaux apporte des bienfaits immédiats associés aux qualités des domaines supérieurs – la longévité, la fermeture de l’accès aux domaines inférieurs, et ainsi de suite. Il en découle également des bienfaits ultimes, puisque la prise de refuge jette les fondements des qualités du souverain bien.

Cette explication condensée de la prise de refuge,
Exprimée de façon simple et concise,
Fut écrite par le jeune benêt appelé Jigmé,
À la demande du dénommé Losal Wangdrak.

Que la vertu abonde !


| Traduit en français par Vincent Thibault (2023) sur la base de la traduction anglaise d’Adam Pearcey (2022).


Bibliographie

Édition tibétaine utilisée

'jigs med bstan pa'i nyi ma. rdo grub chen ’jigs med bstan pa’i nyi ma’i gsung 'bum. 7 vols. Chengdu : Si khron mi rigs dpe skrun khang, 2003. (BDRC W25007). Vol. 7: 231–234.


Version: 1.0-20230223


  1. Le texte original ne comporte pas de titre ; celui-ci fut ajouté par le traducteur.  ↩

  2. Bodhicaryāvatāra de Śāntideva, chapitre II, verset 26.  ↩

  3. Cetanā en sanskrit ; sems pa en tibétain. Selon l’Abhidharma, ce facteur compte parmi les cinq facteurs mentaux omniprésents. Philippe Cornu (qui traduit parfois ce terme par « volition ») en donne cette définition : « La volition ou attraction est ce qui modèle la pensée et ce qui dirige l’esprit vers une activité (favorable, défavorable ou neutre). » Voir Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme, Seuil, 2001, p. 203.  ↩

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