Les fleurs ravagées par le gel

Genres littéraires › Chants et poèmes | Philosophie bouddhiste › Impermanence | Maîtres tibétainsJamyang Khyentsé Chökyi Lodrö

English | Deutsch | Français | བོད་ཡིག

Jamyang Khyentsé Chökyi Lodrö

Jamyang Khyentsé Chökyi Lodrö

Quand les fleurs furent ravagées par le gel

par Jamyang Khyentsé Chökyi Lodrö

Noble maître, unique personnification des Trois Joyaux,
Les infaillibles sources de refuge :
Pose tes pieds de lotus sur ma tête
Et tourne mon esprit vers le Dharma !

Pendant la période d’abondance de la lune des moissons,
Des fleurs originaires du royaume du Népal
Sont apparues en un riche déploiement de couleurs,
Chacune aussi jolie qu’une fille charmante,
Inspirant mille joies, ravissant les yeux et réconfortant les cœurs
De tous, les sages comme les fous.
Quelle vaste profusion, quelle splendeur parfaite !

Puis, pendant la sombre nuit du vingt-huitième
De ce mois d’automne, s’éleva
La fille radieuse d’un ciel clair et argenté –
La déesse des constellations au visage lumineux –
Qui apporta le frais parfum d’une rosée matinale,
Et qui, l’aube venue, posa un chapeau blanc
Sur la tête de toutes les fleurs,
De sorte qu’au lever du soleil, elles se fanèrent.
Leurs feuilles et leurs pétales tombèrent,
Leur cou cessa de soutenir leur tête…
Ces fleurs évoquèrent des cadavres !

Cet exemple illustre l’impermanence :
Ainsi l’éclat de la jeunesse est-il vaincu
Par les armées des mois et années qui déferlent ;
Ainsi, dans les profondes ténèbres du Seigneur de la Mort,
Les innombrables yamas des perceptions confuses apparaissent-ils
Comme le gel qui ravage la fleur de notre corps tant chéri –
La tête tombe mollement, la lèvre inférieure s’affaisse
Et les membres se rigidifient, bientôt durs comme du bois.

Il ne fait aucun doute qu’un tel cauchemar
Se produira rapidement.
Comme mon cœur ne peut endurer de telles frayeurs,
Je dois me consacrer au Dharma dès maintenant,
Sans quoi je me retrouverai sans recours.

Donc, pendant que j’ai encore une certaine liberté,
Je ne dois pas succomber à la paresse ou à l’indolence.
Tandis que j’allume les grands feux de la diligence,
Inspire-moi, cher maître, avec tes bénédictions,
Afin que je puisse brûler la ronceraie des kleśa
Et m’échapper promptement de la fosse ardente
Du saṃsāra, qui est si difficile à traverser.
Ô, mon noble père et maître, pense à moi !

Quand un parterre de fleurs a été dévasté par le gel, j’ai écrit cette chanson triste en réfléchissant à l’impermanence.


| Traduit en français par Vincent Thibault (2024) sur la base de la traduction anglaise d’Adam Pearcey (2021) qui remerciait la Khyentse Foundation et le Tertön Sogyal Trust.


Bibliographie

Édition tibétaine

'Jam dbyangs chos kyi blo gros. "me tog gi tshogs sad kyis khyer dus blangs ba'i mi rtag dran pa'i skyo glu/" in ’Jam dbyangs chos kyi blo gros kyi gsung ’bum. 12 vols. Bir: Khyentse Labrang, 2012. W1KG12986 Vol. 8: 488–490.


Version : 1.0-20240403


Ce site utilise des cookies pour collecter des statistiques anonymes et améliorer l'expérience.
Decline
Accept