Instructions sur le transfert de conscience

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Karma Chakmé

Amitābha, Bouddha de Lumière Infinie

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Instructions exhaustives sur le transfert de conscience vers la Terre de Grande Félicité

extraites du Trésor de l'esprit Namchö

par Karma Chagmé, dit Rāgāsya

Guru Deva Ḍākinī Hūṃ !

Ce qui suit est un commentaire sur le Transfert vers la Terre de grande félicité. Il fait partie de la littérature secondaire reliée au sādhana de la Terre de grande félicité (bde chen zhing), appartenant au cycle de la profonde lignée orale du trésor de l'esprit de sagesse Namchö.

Pour dire quelques mots de l'origine de cet enseignement, « la Chronique du roi », l'une des Cinq chroniques, dit qu'à la fin des temps apparaîtront trente-trois vidyādhara, seigneurs des mantras secrets. Dans la prophétie de leur éveil suprême, il est écrit :

Dans le champ de bouddha de Śākya[muni] appelé Do Kham[1], un yogi qui pratique les mantras secrets du Grand Véhicule, un seigneur des mantras, Dordjé Drakpo, apparaîtra et, ayant accompli le transfert, il entreprendra de vastes activités. Dans la direction septentrionale du trichilocosme, dans le champ de bouddha immaculé nommé Forêt de santal, il deviendra un tathāgata, un guide des êtres, un maître insurpassable qui prend soin d'une assemblée de trois mille, un Victorieux nommé Jñāna Samantabhadra (Yéshé Künzang).

Ainsi, le nirmāṇakāya appelé Mingyour Dordjé, prophétisé dans nombre de trésors, à l'instar de la prophétie citée ci-dessus, est la personnification quintessentielle, en une unique incarnation, à la fois du grand lotsāwa Vairotsana et de Shüpou Palseng[2], qui deviendra, à l'avenir, le bouddha Jñāna Samantabhadra.

Alors qu'il accomplissait les actes d'un bodhisattva, à l'âge de treize ans, le septième jour de Saga Dawa[3] de l'année du Pendant d'or (hemalamba, c.-à-d. 1657)[4], il se trouva en présence du Bouddha Amitābha et des deux [bodhisattvas] qui l'entourent, leurs corps aussi vastes que des montagnes et d'une splendeur incommensurable. À cet instant-là, il reçut directement le sādhana de la Terre de Grande félicité, la méthode pour voir la Terre de Grande félicité dans les rêves, le sādhana de longévité d'Amitāyus, le transfert de conscience vers la Terre de Grande félicité, l'aspiration à la terre de Grande félicité et la transmission de pouvoir pour la Terre de Grande félicité. Puis, ce soir-là, s'étant trouvé à nouveau en présence du Bouddha Amitābha et de son entourage, il lui fut donné à la fois la prière pour le yoga des rêves et les instructions orales.

Tout ceci n'est pas sans rappeler la déclaration suivante extraite du Bodhisattva Piṭaka :

Les bodhisattvas, qui restent dévoués de cette façon, sont reconnus par tous les bouddhas, les conquérants transcendants, comme aptes à recevoir le Dharma. En leur apparaissant, les bouddhas leur révèlent alors l'entièreté du chemin des bodhisattvas.

Même s'il existe nombre de traditions de transfert de conscience, à la fois dans l'École de l'Ancienne Traduction et dans les Nouvelles Écoles, il s'agit ici d'une lignée très récente. Encore toute imprégnée de la parole d'Amitāyus, elle est particulièrement bénie. En outre, le précieux maître d'Oḍḍiyāna a dit :

Moi, le Né-du-lotus, et ceux qui me sont semblables,
Avons, pour le bien des yogi fainéants,
Révélé les instructions sur le transfert.

Certains pratiquants distraits peuvent avoir reçu des enseignements profonds sur la Grande perfection, ou d'autres, similaires, sans toutefois trouver le temps de s'y entraîner. D'autres, affectés par l'émotion négative de la paresse, n'ont pas acquis la confiance innée dans la libération. C'est à de tels pratiquants que cette instruction orale pour parvenir à l'état de bouddha au moment de la mort sans autre entraînement est destinée. C'est un moyen puissant, même pour ceux qui ont commis des actes très malfaisants, et une instruction d'une importance cruciale pour parvenir à l'état de bouddha.

Le mieux, à condition de vous y entraîner dès à présent, serait d'être capable de pratiquer le transfert de conscience par vous-même lorsque vous serez certain d'être sur le point de mourir. Cependant, si vous ne le pouvez pas, le fait de recevoir aujourd'hui la transmission orale pour le transfert de conscience permettra à un lama d'effectuer plus facilement le transfert de conscience pour vous une fois que vous serez mort.

En ce qui concerne les bienfaits des moyens habiles du transfert de conscience, il est dit dans les Quatre sièges de vajra[5]  :

Complètement exempt de la souillure des actions négatives,
Vous atteindrez la rive éloignée et suprême du saṃsāra.

Et :

Cette ouverture de Brahmā, au-dessus,
Est directement[6] expliquée comme « transfert ».
Emao ! C'est le chemin de l'enseignement suprême.
Emao! Il tranche net le saṃsāra.
Emao! Il demeure dans l'état de liberté.
Emao! La sagesse primordiale est prodigieuse !

Et aussi :

Celui que souillent toutes les fautes
Est libéré par la pratique du transfert.

Le précieux maître d'Oḍḍiyāna a dit aussi :

Par un transfert au moment approprié,
Même ceux qui ont commis les cinq actes à rétribution immédiate[7]
Obtiendront une renaissance dans les mondes supérieurs ou la libération.

Les bienfaits sont par conséquent immenses. Il est aussi dit :

Si vous effectuez le transfert de conscience de cette façon, quelle que soit la gravité de vos actions négatives, par les bénédictions de la visualisation, vous assumerez la forme extraordinaire d'un dieu, ou d'un être humain, et ainsi de suite, aussi longtemps que les enseignements, même d'un seul bouddha, perdureront. Puis, ayant rapidement épuisé le reliquat de votre karma, vous parviendrez à l'état de bouddha. Certains individus parviendront à l'état d'un vidyādhara dans le champ de bouddha extraordinaire de la Perfection Manifeste.

Il existe en outre plusieurs types de transfert, notamment :

  • le transfert du dharmakāya,
  • le transfert du sambhogakāya,
  • le transfert du nirmāṇakāya,
  • le transfert ordinaire,
  • le transfert forcé, et
  • le transfert où l'on entre dans le corps d'un autre[8].

Le transfert du dharmakāya

Grâce à une excellente pratique dans cette vie-ci soit du Mahāmudrā, soit de la pratique de Trekchö de la Grande perfection, les luminosités mère et fille se rencontreront au moment de la mort. Vous demeurerez dans cet état [de luminosité] pendant sept jours ou pendant quelqu'autre laps de temps. Comme il s'agit de la forme ultime de transfert, celle qui est libre des concepts qu'une chose est à transférer et qu'un être fait le transfert, il n'y a pas, dit-on, de bonnes ou de mauvaises portes.

Si vous effectuez le transfert du dharmakāya de cette façon, le signe extérieur en sera un ciel pur et immaculé ; le signe intérieur sera que le rayonnement du corps ne s'estompera pas avant longtemps ; et le signe secret, l'apparition de syllabes telles qu'un ĀḤ blanc ou un HŪṂ bleu.

Le transfert du sambhogakāya

C'est la forme de transfert qui est le sujet de l'explication donnée ici.

En signe que ce transfert a été accompli, le ciel se remplira d'arcs-en ciel et de lumière. Le signe intérieur en sera que du sang ou de la lymphe sortiront par l'ouverture de Brahmā au sommet de la tête, et qu'une humidité semblable à de la rosée y apparaîtra. Cette même partie de la tête enflera, et de la vapeur en sortira. Juste en dessous de l'ouverture de Brahmā, il se peut que des cheveux tombent, et que la chaleur du corps se concentre à cet endroit. En signe secret, les cinq types de reliques, ou seulement certaines d'entre elles, ou les corps des déités et leurs emblèmes de main, se manifesteront.

Le transfert du nirmāṇakāya

Ici, vous vous allongez sur votre côté droit et respirez par la narine gauche. Ayant placé une image de Śākyamuni, du Né-du-lotus, ou une représentation du même genre, de façon à la voir, visualisez la présence de la déité et transférez votre conscience par la narine gauche. Engendrez ensuite l'intention d'apparaître en tant que nirmāṇakāya pour le bien des êtres et faites des prières d'aspiration. Le signe extérieur d'avoir accompli ce type de transfert est l'apparition de nuages ou d'arcs-en-ciel sous forme d'arbre qui exauce les souhaits et il tombera des pluies de fleurs. En signe intérieur, du sang, de la lymphe ou de la bodhicitta émergeront de la narine gauche ou bien des gouttes de rosée chatoyantes apparaîtront. En signe secret, le crâne demeurera entier [même après la crémation], ou bien les emblèmes de main des déités ou encore de minuscules ringsel apparaîtront.

Le transfert forcé

C'est une erreur d'effectuer le transfert forcé. Même si tous les signes d'une mort imminente sont présents, il est impératif d'effectuer préalablement par trois fois le rituel pour tromper la mort. Effectuer le transfert sans avoir procédé à ce rituel reviendrait à encourir la faute d'assassiner les déités. Même en cas de châtiment par l'état[9], de maladie chronique ou de douleur intense, et quelles que soient les circonstances, il n'en reste pas moins erroné de faire le transfert avant le moment même où la mort arrive, car cela entraînerait la transgression de tuer les déités.

En conséquence, même lorsque la vie touche à sa fin, le transfert ne doit pas être fait avant d'être sûr que le canal vital dans le cou a effectivement été coupé. Si la durée de vie n'est pas épuisée et qu'il reste une chance de survie, la transgression de tuer les déités peut se produire et se produira. « Déités », ici, signifie l'assemblée des déités des cent sublimes familles de bouddhas qui résident dans le corps. Cela revient à toutes les tuer. Effectuer le transfert avant que la vie n'ait définitivement atteint son terme non seulement ne sera d'aucun bienfait, mais mènera tout droit aux mondes inférieurs. Et ceci est la clé de l'explication selon laquelle la méthode du transfert forcé est inacceptable. Comme le dit le Tantra des Quatre sièges de vajra :

Quand le moment est venu, effectuez le transfert.
Le faire à tout autre moment revient à assassiner les déités.

Les versets d'un écrit authentique, dans le chapitre sur le transfert, disent aussi que :

Faire le transfert au mauvais moment, c'est tuer les déités.
Tant que vous êtes vivant, pratiquez le Dharma
Et tout ce temps-là, le flot de la vertu s'accroîtra.

Pareillement, le précieux maître d'Oḍḍiyāna a dit :

Ensuite, pratiquez sincèrement le rituel pour tromper la mort selon les signes de l'imminence de la mort. Même si les signes et les marques de la mort semblent être au complet, si vous effectuez le transfert sans avoir fait au préalable le rituel pour tromper la mort, vous encourrez la transgression de tuer les déités et la transgression du suicide. Comme cela est encore pire que les cinq actes à rétribution immédiate, faites les rituels généraux ou particuliers pour tromper la mort qui sont les plus appropriés.

Le transfert dans le corps d'autrui

Il est bien connu que les circonstances interdépendantes correctes pour que cet enseignement soit transmis au Tibet n'ont pas été réunies. C'est pourquoi, même si la transmission textuelle existe, il n'y a pas de lignée de la pratique elle-même.

Le transfert ordinaire

Ce transfert, sans être un transfert forcé, est néanmoins appelé « transfert instantané ». Comme les circonstances de la mort – y compris les ravins, l'eau, les flèches, les armes blanches, les attaques cérébrales ou cardiaques, entre autres – peuvent survenir inopinément, dès que vous êtes pris de peur ou de panique, entraînez-vous à centrer votre attention sur Amitāyus ou sur le précieux maître d'Oḍḍiyāna au sommet de votre tête. Faire cela continuellement garantira que si, subitement, de graves circonstances mettent votre vie en danger, la force de l'habitude vous fera diriger votre conscience vers le sommet de votre tête et elle sortira par là. Le précieux maître d'Oḍḍiyāna a dit : « Diriger vos intentions vers le lama au sommet de votre tête est d'une valeur au-delà de tout ce que l'on peut imaginer. »

Pour le transfert ordinaire, allongez-vous sur le côté droit, la tête dirigée vers le nord. Visualisez au sommet de votre tête une déité telle que le Bouddha Śikhin, ou le Bouddha de médecine (Bhaiṣajyaguru-vaiḍūryaprabharāja). Récitez ensuite les noms de Trois Joyaux qui vous sont familiers et des mantras dhāraṇī bénis, et formulez des aspirations. En faisant cela, est-il dit, vous ne renaîtrez pas dans les mondes inférieurs.

De plus, le chant de vajra qui condense les six dharmas dit :

Huit portes s'ouvrent sur le saṃsāra.
Une porte est le chemin vers le Mahāmudrā.

Le Sens intérieur profond, qui puise dans plusieurs classes d'incomparables tantra, enseigne également :

Si alors la conscience base-de-tout s'échappe :
Par l'ouverture de Brahmā, cela signifie le monde du sans-forme ;
Par le bindu, la grande déesse ;
Par le nombril, un dieu du monde du désir ;
Par les yeux, une personne puissante du monde du désir ;
Par le nez, les mondes des yakṣa ;
Par l'oreille, un dieu de l'accomplissement ;
Par la porte de l'existence, un preta, est-il dit ;
Par l'urètre, nous deviendrons un animal ;
Par la porte inférieure, les huit enfers.

Cela signifie que si vous ne vous êtes pas entraîné selon les instructions du transfert de conscience et que malgré tout, par le pouvoir du karma, votre conscience s'échappe par l'ouverture de Brahmā, vous reprendrez naissance dans le monde du sans-forme. Par contre, grâce aux instructions orales sur le transfert, un départ par l'ouverture de Brahmā vous fera renaître dans les pures terres célestes. Telle est l'une des traditions d'explication. Les Strophes de vajra de la lignée orale disent :

Lorsque surviennent les signes de la mort, soyez joyeux[10], et rejetez tout attachement.
Bloquez les neuf portes, appliquez les substances et parez-vous d'aspirations.

Ici [c.-à-d. lorsque les neuf portes sont bloquées], il est fait référence à une autre ouverture de Brahmā: un orifice crânien, à quatre largeurs de doigt en arrière de la ligne d'implantation des cheveux, et si la conscience s'échappe par là, vous renaîtrez dans le monde du sans-forme. La véritable ouverture de Brahmā, par contre, est située au centre de la spirale de cheveux située huit largeurs de doigt en arrière de la ligne d'implantation des cheveux. Si la conscience s'échappe par là, vous renaîtrez dans les terres célestes.

Bien que ces deux traditions explicatives existent, le précieux maître d'Oḍḍiyāna a aussi dit :

Les divers chemins de transfert, au nombre de neuf, les trois supérieurs, les trois moyens et les trois inférieurs, présentent de grandes différences. Comme l'ouverture de Brahmā au sommet de la tête est la voie pour se rendre dans les pures terres célestes, si la conscience émerge par là, vous obtiendrez la libération et puisqu'il s'agit de la voie suprême, il est donc crucial que ce soit vers là que vous orientiez vos intentions. Si la conscience quitte le corps par les yeux, vous renaîtrez comme un monarque chakravartin. Si la conscience sort par la narine gauche, vous renaîtrez dans un pur corps humain. Ce sont les trois portes supérieures. Si la conscience sort par la narine droite, vous renaîtrez en tant que yakṣa ; par les deux oreilles, en tant que dieu du monde de la forme ; par le nombril, comme dieu du monde du désir. Ce sont les trois portes moyennes. Si la conscience s'échappe par l'urètre, vous renaîtrez en tant qu'animal ; par la dénommée « porte de l'existence », le chemin que parcourent la cause et la semence, les essences rouge et blanche, vous renaîtrez comme preta ; par l'anus, vous renaîtrez dans les enfers. Ce sont les trois portes inférieures.

Maintenant, en ce qui concerne l'instruction à proprement parler pour le transfert de conscience. Le Tantra des Quatre sièges de vajra dit :

Ce qui doit être purifié, une syllabe et une moitié.
Tirées vers le haut avec la troisième jusqu'à la dernière des huit.
Cette graine, un feu ardent,
Repose sur un maṇḍala de vent.
Concentrez-vous dessus mentalement.
En haut, l'ouverture de Brahmā
Est suprême en relation aux neuf.
Sans corps, l'entité qui est l'essence de l'esprit
Médite sur les entités.

Les Strophes de vajra de la lignée orale dit :

L'alchimie du transfert, qui amène l'état de bouddha sans méditation...
… Tirez vers le haut le HŪṂ et l'esprit-prāṇa indivisibles dans le canal central (avadhūti). Visualisez la syllabe KṢA et propulsez-la par l'ouverture de Brahmā,
La transférant dans le lama-dharmakāya et le champ de bouddha.

Le précieux maître d'Oḍḍiyāna a dit :

Au cas où vous ne parveniez pas à accomplir le nirvāṇa sans résidu dans cette vie,
Et puisque vous souhaitez atteindre les terres célestes au moment du transfert, Appliquez-vous aux entraînements et actions nécessaires !

Et :

Cette instruction est un moyen puissant pour faire advenir l'état de bouddha même chez ceux ayant causé de grands méfaits. C'est cette instruction, tel un dharma d'or transformateur, dont la pratique permet à un yogi de pouvoir quitter le sceau du corps et de s'éveiller au même instant, qui est ici révélée.

Ce qui suit est en deux parties : 1) l'entraînement dans le transfert et 2) l'application.

1. L'entraînement dans le transfert

Afin de faire la requête de l'enseignement sur les visualisations de l'entraînement au transfert, il est nécessaire de faire l'offrande du maṇḍala. À cet effet, répétez ce qui suit :

Ayant transformé ce maṇḍala de bronze en substances précieuses,
Et ces grains d'orge en or et turquoise,
Je les offre avec dévotion à l'unique nirmāṇakāya, le lama plein de compassion :
Considérez-moi avec compassion !

Puis, pour prendre refuge et donner naissance à la bodhicitta, répétez ce qui suit trois fois :

Namo ! Dans les Trois Joyaux et les Trois Racines,
Dans toutes les sources de refuge, je prends refuge.
Afin de mener tous les êtres à l'état de bouddha,
Atteindre l'Éveil suprême est ce à quoi je consacre mon esprit.

Maintenant, considérez qu'instantanément, vous apparaissez sous la forme du Grand Seigneur Compatissant (c.-à-d. Mahākārunika, une forme d'Avalokiteśvara), le corps de couleur blanche, le visage paisible et souriant. Vous avez quatre bras : les paumes des deux premières mains sont jointes au niveau du cœur, et les deux mains inférieures tiennent un rosaire de cristal blanc et un lotus blanc. Les jambes en posture de vajra, vous êtes assis sur un siège de disques de soleil et de lune. Vos cheveux en chignon sont ornés des cinq petites crêtes de joyaux. Paré d'habits de soie et de joyaux, vous rayonnez, resplendissant de l'ensemble des marques et des signes au complet. Méditez sur cela clairement.

Extérieurement, le corps du Grand Compatissant ressemble à une tente de soie blanche, tandis qu'intérieurement, il est vide comme un ballon empli d'air[11]. Au sein de cet espace vide et clair, se trouve le canal central avec ses quatre caractéristiques : en signe de félicité, il est blanc à l'extérieur ; en symbole de la clarté, il est rouge à l'intérieur ; pour signifier le chemin des bodhisattvas, il est vertical et parfaitement droit ; et pour signifier que les portes qui mènent aux mondes inférieurs ont été fermées, son extrémité inférieure, sous le nombril, est scellée. Afin de permettre le trajet le long du chemin qui mène aux mondes supérieurs, l'extrémité supérieure débouche directement sur l'ouverture de Brahmā au sommet de la tête. Visualisez cela.

Au sommet de votre tête,
Sur un trône de lions, et un siège de disques de lotus et de lune,
Se trouve le protecteur Amitābha, le corps de couleur rouge,
Avec un visage, et deux mains dans le geste de l'équanimité
Sur lesquelles il tient un bol à aumônes ; il porte les robes de dharma ;
Il est assis les jambes croisées dans la posture de Maitreya,
Ses deux gros orteils posés
À l'extrémité supérieure du canal central.
À sa droite est Lokeśvara, Seigneur du monde, de couleur blanche,
Avec un visage et quatre mains : les deux premières, paumes jointes
Et les deux autres, à droite et à gauche, tenant un rosaire et un lotus.
Il se tient debout, sur un lotus et une lune.
À sa gauche est Vajrapāṇi à la grande force et au grand pouvoir (c.-à-d. Mahāsthāmaprāpta).
Il a un visage, deux mains et est de couleur bleue.
Il tient un vajra dans sa main droite et une cloche dans la gauche.
Il se tient debout, sur un lotus et une lune.
Ils sont entourés d'innombrables bouddhas, bodhisattvas,
Śrāvaka, pratyekabuddha et arhats.
De la lumière jaillit des trois syllabes-germe
Aux trois chakra de chacun des trois personnages principaux,
Invitant les déités à venir de Sukhāvatī se fondre indivisiblement en eux.

Vient ensuite la prière du transfert :

Émaho !
Protecteur extrêmement prodigieux, Amitābha,
Grand Compatissant, et puissant Vajrapāṇi à la grande force et au grand pouvoir,
L'esprit concentré en un point, je vous prie :
Accordez vos bénédictions afin que je maîtrise le profond chemin du transfert.
Le moment de la mort finalement venu,
Accordez vos bénédictions afin que ma conscience soit transférée à Sukhāvatī.

Priez ainsi autant que possible, puis considérez ce qui suit :

Dans votre chakra au niveau du cœur, à l'intérieur du canal central, comme un nœud sur une tige de bambou, se trouve un lotus rouge à huit pétales. Au-dessus, il y a un disque de lune, de la taille d'environ un demi-grain. Au-dessus, est posée l'essence où sont réunis l'esprit-prāṇa et la conscience, un bindu blanc et une syllabe rouge HRĪḤ (ཧྲཱིཿ), complète avec le signe de la voyelle longue et le visarga, rayonnante et brillante. Considérez qu'elle est prête à monter, juste sur le point de s'élever.

De ce HRĪḤ, émane un unique rayon de lumière sous la forme d'une autre syllabe HRĪḤ, qui va sceller le passage inférieur, la porte qui mène aux enfers. Puis un autre HRĪḤ émerge pour sceller l'urètre, le passage vers une renaissance en tant qu'animal. Ensuite deux autres syllabes HRĪḤ jaillissent, et vont sceller les portes du lieu secret et de la bouche, les passages vers une renaissance en tant que preta. Un autre HRĪḤ apparaît ensuite et va sceller le nombril, le passage vers une renaissance en tant que dieu du monde du désir. Deux autres syllabes HRĪḤ rayonnent, et vont obstruer les deux oreilles, les passages vers une renaissance en tant que demi-dieu, dans le monde de la forme, ou en tant que kumbhāṇḍa[12]. Deux autres syllabes HRĪḤ jaillissent ensuite, pour obstruer les deux narines, les passages vers une renaissance en tant que yakṣa ou en tant qu'être humain subissant la naissance, la vieillesse, la maladie et la mort. Puis trois syllabes HRĪḤ rayonnent pour obstruer le point entre les sourcils, le passage vers une renaissance dans le monde de la forme ; l’œil droit, le passage vers une renaissance en tant que roi parmi les hommes ; et l’œil gauche. Ensuite un autre HRĪḤ jaillit et bouche l'ouverture du crâne, le passage vers une renaissance dans le monde du sans-forme. Vous pouvez aussi récitez les HRĪḤ à haute voix pendant ce processus.

Considérez alors qu'en même temps que vous prononcez HIK, votre esprit, représenté par le bindu blanc et la syllabe [rouge] HRĪḤ, fuse vers le haut par la voie du canal central. Il effleure juste le gros orteil d'Amitābha, qui se trouve au sommet de votre tête. Puis, lorsque vous prononcez KA, il redescend et demeure sur le siège de lune dans votre chakra au niveau du cœur.

Vous pouvez associer cela avec l'expulsion de l'air vicié par trois fois et la rétention du prāṇa. Tout en retenant le prāṇa, gardez-le scellé un long moment. Considérez que lorsque vous prononcez mentalement HIK, le prāṇa venant des canaux droit et gauche émerge depuis le canal central au sommet de la tête sous forme de fumée bleue juste au moment où le bindu touche le gros orteil d'Amitābha. Tandis que vous prononcez mentalement KA, il retombe et demeure dans le centre du cœur. Alors, propulsez-le à nouveau vers le haut, et, ce faisant, vous pouvez maintenir les poings de vajra à la racine des cuisses et rassembler le prāṇa, l'esprit et toutes les apparences dans la partie supérieure du corps.

Si vous ne savez pas contrôler le prāṇa de cette manière, considérez que lorsque vous prononcez HIK, le bindu fuse par le canal central et touche le gros orteil du pied de Bouddha Amitābha. Et que lorsque vous dites KA, il descend et repose dans le centre du cœur. Visualisez cela clairement, propulsant le bindu vers le haut et le faisant redescendre. Faites cela environ vingt-et-une fois.

Récitez ensuite la prière d'aspiration suivante :

Émaho ! Amitābha, magnifique Bouddha de Lumière Infinie,
Avec le Seigneur de la Grande Compassion Avalokiteśvara à sa droite,
Et Vajrapāṇi à la grande force et au grand pouvoir à sa gauche,
Entourés d'une foule d'innombrables bouddhas et bodhisattvas
Dans un lieu d'émerveillement et de joie et de bonheur infinis,
Ceci est le monde céleste de Sukhāvatī, le Paradis de félicité.
Lorsque viendra le moment de quitter cette vie, puissé-je
M'y rendre directement sans reprendre naissance entre temps
Et y ayant pris renaissance, puissé-je contempler le visage d'Amitābha !
Puisse ceci, ma fervente prière d'aspiration,
Être bénie par tous les bouddhas et bodhisattvas des dix directions
Pour qu'elle s’accomplisse sans le moindre obstacle !
Tadyathā pañcendriya avabodhanāya svāhā.

Considérez que formuler ces aspirations fait déborder un flot d'amṛta, le nectar d'immortalité, du bol d'aumônes dans les mains d'Amitābha ; il vient se dissoudre dans votre corps et le remplir.

Puis, comme prière pour la longévité, récitez ce qui suit :

Émaho !
Parfait Bouddha Amitāyus,
Grand compatissant, Vajrapāṇi, et
Bouddhas et bodhisattvas en nombre infini,
Avec ferveur, devant vous tous, je me prosterne et vous rend hommage !
Je vous en prie : accordez-moi le siddhi de la longévité !
Oṃ amideva āyusiddhi hūṃ

Récitez cette prière le temps d'un rosaire ou autant de fois que vous le pouvez.

Considérez que la déité principale, Amitābha, et son entourage se fondent en lumière puis se dissolvent en vous, et que votre ouverture de Brahmā est obstruée par HAṂ et divers vajras.

En pratiquant de cette façon en six, quatre ou tout autre nombre de sessions, les signes que vous avez parachevé le transfert apparaîtront : chaleur douce ou vive à l'ouverture de Brahmā, ou picotement, démangeaison, engourdissement ou renflement ; le sommet de la tête peut sembler mou et pulpeux, et du sang ou de la lymphe peuvent émerger à l'ouverture de Brahmā. Lorsque de tels signes apparaissent, examinez avec soin la zone située huit largeurs de doigt derrière la ligne d'implantation des cheveux. Si vous y insérez un brin d'herbe kuśa, il devrait y resté fermement planté.

Lorsque ceci se produit, persister dans la pratique créerait des obstacles à votre force vitale. Arrêtez donc la visualisation. Ne propulsez plus le bindu vers le haut et le bas dans le canal central et ne récitez plus HIK ou KA.

Certains n'ont pas d'ouverture de Brahmā ou n'arrivent pas à la localiser, et il se peut qu'ils ressentent des maux de tête ou des vertiges. Dans ce cas, ils doivent visualiser Amitābha à une coudée au-dessus de leur tête et considérer que le bindu, qui est associé à la syllabe HRĪḤ, s'élève dans le ciel jusqu'à toucher son siège de lotus. Puis, étant redescendu, il reste dans le chakra de leur cœur à l'intérieur du canal central. En méditant de cette façon pendant quelques sessions, l'ouverture de Brahmā s'ouvrira et du sang ou de la lymphe en sortiront.

Ceci conclut l'explication de la manière de s'entraîner au transfert de conscience.

2. L'application

i. Le transfert pour soi

Lorsque vous effectuez le transfert pour vous-même, quand tous les signes de la mort sont pleinement présents, faites le rituel pour tromper la mort[13] par trois fois. Toutefois, si même ceci ne réussit pas, il est alors dit [dans Les Strophes racine sur les six bardos]:

Kyéma ! Maintenant que le bardo du moment de la mort se lève sur moi,
J’abandonne toute saisie, désir et attachement,
J’entre, sans distraction, dans l'état où les instructions sont claires
Et transfère ma conscience dans la sphère de l’espace non-né.
À l’heure où je quitte ce corps composite fait de chair et de sang,
Je reconnais qu'il n'est qu'une illusion transitoire.

Comme ceci l'indique, vous devez offrir en maṇḍala votre propre corps, vos possessions et votre famille au Bouddha Amitābha. Puis, une fois que vous les avez offerts, lâchez-prise de tout attachement.

Comme lorsque vous vous entraînez dans la visualisation du transfert, obstruez les neuf portes avec la syllabe HRĪḤ et méditez sur la déité principale, Amitābha, accompagné de son entourage, dans le ciel une coudée au-dessus de votre tête. Propulsez votre conscience, représentée par le bindu et le HRĪḤ, de sorte qu'elle fuse vers le haut et se dissout dans le chakra du cœur d'Amitābha. Répétez la visualisation de nombreuses fois jusqu'à ce que votre respiration s'arrête. Récitez la prière et l'aspiration pour le transfert autant de fois que possible. Des amis du Dharma et d'autres personnes devraient aussi les réciter en votre nom. Grâce à cela, votre conscience s'échappera par le sommet de votre tête et il est certain que votre prochaine renaissance aura lieu dans Sukhāvatī.

ii. Le transfert pour autrui

Lorsqu'il est certain qu'une personne très malade est décédée et que la respiration extérieure a cessé, disposez le cadavre de sorte que la tête soit verticale. Puis commencez par réciter tout haut les versets de la prise de refuge et de la génération de la bodhicitta, ainsi que tous les noms de bouddhas que vous connaissez. Ensuite, lorsqu'il est sûr que le canal vital a été tranché, parcourez mentalement la visualisation du transfert tout en récitant les versets suivants d'une voix douce et mélodieuse :

Kyéma ! Noble enfant, dont la vie a atteint son terme,
Ton corps est celui du yidam, le blanc sattva,
Dans ton corps se trouve le canal central, semblable à une flèche de bambou,
À ton cœur, imagine une syllabe rouge Hrīḥ,
Complète avec la voyelle longue et le visarga.
Puis, comme six autres syllabes Hrīḥ émergent,
Elles scellent les passages vers la renaissance dans les six classes,
Tandis que l'ouverture de Brahmā au sommet de ta tête reste ouverte.
Au-dessus de ta tête, sur un siège de disques de lotus et de lune,
Se trouve le protecteur Amitābha, son corps de couleur rouge,
Avec un visage et les deux mains dans le geste de l'équanimité
Sur lesquelles il tient un bol à aumônes ; il porte les robes de dharma,
Et est assis les jambes croisées.
À sa droite est Lokeśvara, Seigneur du monde, de couleur blanche,
Avec un visage et quatre mains : les deux premières, paumes jointes
Et les deux autres, à droite et à gauche, tenant un rosaire et un lotus.
Il se tient debout, sur un disque de lotus et de lune.
À sa gauche est Vajrapāṇi à la grande force et au grand pouvoir.
Il a un visage, deux mains et est de couleur bleue.
Il tient un vajra dans sa main droite et une cloche dans la gauche.
Il se tient debout, sur un lotus et une lune.
Ils sont entourés d'innombrables bouddhas, bodhisattvas,
Śrāvaka, pratyekabuddha et arhats.
De la lumière jaillit des trois syllabes-germe
Aux trois chakra de chacun des trois personnages principaux,
Invitant les déités à venir de Sukhāvatī et se fondre indivisiblement en eux.

Visualise ensuite que ta conscience,
Sous la forme d'un bindu blanc marqué de la syllabe Hrīḥ,
Est transférée dans le cœur d'Amitābha.

Émaho !
Protecteur extrêmement prodigieux, Amitābha,
Grand compatissant, et Vajrapāṇi, à la grande force et à la grande puissance,
L'être qui vient de partir vous prie, l'esprit concentré en un point :
Accordez vos bénédictions afin que sa conscience soit transférée dans la Terre de Grande Félicité !

Répétez ces deux prières l'une après l'autre, avec les visualisations nécessaires sept ou vingt-et-une fois. Récitez KA et HIK autant de fois que possible. Puis, tandis que vous prononcez PHAṬ bien fort, tirez une seule touffe de cheveux du sommet du crâne du mort, huit largeurs de doigt en arrière de la ligne d'implantation des cheveux. Les cheveux devraient se détacher aussi facilement que les poils d'une mue. Un son « Kak ! » pourrait aussi se faire entendre; de la vapeur, un renflement, de la lymphe ou une humidité semblable à de la rosée pourraient apparaître ainsi qu'une chaleur douce ou plus intense. Lorsque la personne pour qui vous pratiquez est chauve, vous devez continuer à presser votre doigt jusqu'à sentir un gonflement, ou que de la lymphe, ou les autres signes, apparaissent.

Considérez ensuite que des rayons de lumière jaillissent du cœur d'Amitābha, de sorte que tout son entourage ainsi que les agrégats du défunt se fondent entièrement en lumière, puis se dissolvent dans le cœur d'Amitābha. Continuez en récitant la prière suivante trois, cinq ou sept fois :

Émaho ! Amitābha, magnifique Bouddha de Lumière Infinie,
Avec le Seigneur de la Grande compassion Avalokiteśvara à sa droite,
Et Vajrapāṇi à la grande force et au grand pouvoir à sa gauche,
Entourés d'une foule d'innombrables bouddhas et bodhisattvas
Dans un lieu d'émerveillement et de joie et bonheur infinis,
Ceci est le monde céleste de Sukhāvatī, le Paradis de félicité.
Dès que le défunt quitte cette vie-ci,
Puisse-t-il s'y rendre directement sans reprendre naissance entre temps
Et y ayant pris renaissance, puisse-t-il contempler le visage d'Amitābha !
Puisse ceci, ma fervente prière d'aspiration,
Être bénie par tous les bouddhas et bodhisattvas des dix directions
Pour qu'elle s’accomplisse sans le moindre obstacle !
Tadyathā pañcendriya avabodhanāya svāhā.

Ensuite, d'une voix mélodieuse, récitez les versets suivants pour montrer le chemin :

Émaho !
Protecteur extrêmement prodigieux, Amitābha,
Grand compatissant, et Vajrapāṇi à la grande force et à la grande puissance,
Ce défunt vous prie, l'esprit concentré en un point :
Accordez vos bénédictions afin que sa conscience soit transférée à la Terre de grande félicité !

Kyéma ! Noble enfant dont la vie a atteint son terme,
Sans t'attacher au saṃsāra,
Et sans le moindre doute ou la moindre hésitation,
Pars directement à la Terre de grande félicité !
Phaṭ ! Phaṭ ! Phaṭ !

Avec cela, considérez qu'Amitābha part pour le monde de Sukhāvatī à la vitesse d'une flèche en plein vol. Puis récitez les versets commençant par : « Sans faire l'expérience des souffrances des mondes inférieurs...[14] et « Tel un lotus, que la fange ne souille pas... »

Si vous pouvez pratiquer le transfert pour le défunt de cette façon, sans vous laisser corrompre par la recherche malsaine d'un enrichissement personnel, mais avec amour et compassion, cela sera d'un bienfait inimaginable.

Si les signes que le transfert a été effectué n'apparaissent pas, cela peut signifier que la conscience a déjà été transférée, car elle ne peut pas rester plus qu'un instant ou plus longtemps qu'il ne faut pour prendre un repas.

Si vous arrivez pour effectuer le transfert avant que la respiration externe ait cessé, vous devez procéder à la visualisation de sceller les neuf portes et ainsi de suite, et passer un long moment à réciter les noms des bouddhas et les prières d'aspiration, sans chercher à faire monter la conscience et ce qui s'ensuit. En procédant de la sorte, il est certain que le transfert sera effectué correctement.

Il est notoire que la conscience reste dans le corps jusqu'à trois nuits et un jour ; il est donc crucial que le transfert soit effectué pendant cette période. Toutefois, comme le Livre de Kadam[15] explique qu'elle peut rester entre trois et sept jours, il est aussi acceptable de pratiquer le transfert jusqu'au septième jour. Ceux qui guident les rituels de village disent aussi qu'il est approprié d'envoyer la conscience depuis une effigie ou une carte portant le nom du défunt, et ils ont une tradition où ils invoquent la conscience dans un cadavre de nombreux jours après le décès, pour qu'elle puisse être re-transférée de là. Bien que cela ne soit pas enseigné dans les écritures tantriques, je n'y vois pas vraiment de contradiction.

Tout ceci a été jusqu'ici un commentaire. Comme il est extrêmement bénéfique de citer le texte racine du trésor de l'esprit de sagesse Namchö, je le fais ici.

Texte racine

Les étapes du transfert :

À mon cœur, je visualise une syllabe rouge HRĪḤ, Complète avec le signe de la voyelle longue et le visarga.
D'elle émergent six autres HRĪḤ,
Pour sceller les portes de la renaissance dans les six classes,
Laissant l'ouverture de Brahmā ouverte au sommet de ma tête.
Puis au sommet de ma tête se trouve Amitābha, « Lumière infinie »,
Je le visualise avec les deux qui l'entourent comme décrit plus haut.
Ma propre conscience apparaît ensuite
Sous la forme d'un bindu blanc marqué de la syllabe HRĪḤ, Que mentalement, je transfère dans le cœur d'Amitābha.
Sans le moindre doute ou la moindre hésitation,
Je prie afin de pouvoir renaître dans la Terre de grande félicité.
Samaya. Gya. Gya. Gya.

Puis la prière du transfert :

Émaho ! Protecteur extrêmement prodigieux, Amitābha,
Grand compatissant, et Vajrapāṇi à la grande force et au grand pouvoir,
L'esprit concentré en un point, je vous prie :
Accordez vos bénédictions afin que ma conscience soit transférée à la Terre de grande félicité !
Samaya. Gya. Gya. Gya.

La prière d'aspiration a été citée plus haut.

Moi, Rāgāsya, ai composé cette explication détaillée du transfert de conscience à Sukhāvatī, après avoir été exhorté à le faire par les paroles du nirmāṇakāya [Mingyour Dordjé] en personne. Toute contradiction, erreur et faute que j'ai pu faire, je les confesse ici. Par cette vertu, puissent tous les êtres qui voient ou entendent ce texte renaître à Sukhāvatī !


| Traduit en français sur la base de l'anglais par le Comité de traduction française Rigpa, 2016.


Bibliographie

Source tibétaine

Padma chos rgyal. "gNam chos thugs kyi gter kha las bde chen zhing du 'pho ba'i gdams pa rgyas par bsgrigs pa" In dKar rnying gi skyes chen du ma'i phyag rdzogs kyi gdams ngag gnad bsdus nyer mkho rin po che'i gter mdzod. TBRC W20749. 21: 171 - 202. Darjeeling: Kargyu Sungrab Nyamso Khang, 1978-1985.

Sources secondaires

Halkias, Georgios, T. "Pure-lands and Other Visions in Seventeenth-Century Tibet: A gNam chos sādhana for the Pure-land Sukhāvatī Revealed in 1658 by gNam chos Mi 'gyur rdo rje (1645–1667)" in Power, Politics, and the Reinvention of Tradition: Tibet in the Seventeenth and Eighteenth Century, Bryan J. Cuevas and Kurtis R. Schaeffer (eds) Leiden: Brill, 2006, pp. 103–128.

Kapstein, Matthew, T. "Pure Land Buddhism in Tibet? From Sukhāvatī to the Field of Great Bliss" in Richard K. Payne and Kenneth K. Tanaka (eds) Approaching the Land of Bliss: Religious Praxis in the Cult of Amitābha. Honolulu: University of Hawaii Press, 2004, pp. 16–51 (contient une traduction partielle de ce texte).

Patrul Rinpoche. The Words of My Perfect Teacher. Translated by Padmakara Translation Group. Boston: Shambhala. 1998.

Skorupski, Tadeusz. "Funeral Rites for Rebirth in the Sukhāvatī Abode" in The Buddhist Forum: Volume VI. Tring: The Institute of Buddhist Studies, 2001, pp. 137–156 (contient une traduction partielle de ce texte).


Version : 1.3-20220827


  1. c.-à-d. le Tibet oriental  ↩

  2. Shüpou Palgyi Sengué (Tib. ཤུད་ཕུ་དཔལ་གྱི་སེང་གེ་, Wyl. shud phu dpal gyi seng ge) – un des vingt-cinq disciples of Guru Rinpoché.  ↩

  3. Le quatrième mois du calendrier tibétain.  ↩

  4. La trente-et-unième année du cycle tibétain de soixante ans.  ↩

  5. Catuṣpīṭha. Bien que les traducteurs tibétains aient considéré le titre sanskrit de ce tantra comme une référence aux quatre sièges (gdan bzhi), Péter-Dániel Szántó a noté que pītha(m) dans ce contexte a davantage le sens originel de « amas », et par extension de « collection »; et par extension additionnelle, de « chapitre », de sorte qu'une meilleure traduction pourrait être « Les quatre chapitres de vajra ». Voir Péter-Dániel Szántó, Selected Chapters from the Catuṣpīṭhatantra: Introductory study with the annotated translation of selected chapters (DPhil Thesis), Balliol College, Oxford University, 2012, Part 1, p. 26.  ↩

  6. Bien que certaines versions du tibétain aient « mdo las », c'est-à-dire « extrait des sūtra », les textes du Catuṣpīṭha préservés dans le canon tibétain contiennent l'homonyme (en tibétain) « mod las » et c'est cette dernière lecture qui a été suivie ici.  ↩

  7. 1) tuer son père ; 2) tuer sa mère ; 3) tuer un arhat ; 4) provoquer un schisme dans le saṅgha ; et 5) avec une intention malveillante, faire saigner le corps d'un Tathāgata.  ↩

  8. grong du 'jug pa'i' pho ba (Skt. purapraveśa) signifie littéralement « le transfert où l'on entre dans la cité », mais « cité », ici, veut dire le corps d'un autre.  ↩

  9. Littéralement « par le roi ».  ↩

  10. Bien que le tibétain du texte de Karma Chagmé ait « skol », on trouve « dga » dans toutes les versions disponibles du texte d'origine des Strophes de vajra de Nāropa et la traduction a été faite en conséquence.  ↩

  11. phru ma phus btab pa. Littéralement, « comme une vessie gonflée ».  ↩

  12. kumbhāṇḍa : Des esprits mentionnés avec la classe des yaksa, asura et nāga. Leur estomac est énorme, et leurs organes génitaux sont aussi gros que des citrouilles, d'où leur nom.  ↩

  13. 'chibs lu (Skt. mṛtyavañcana) est parfois traduit par « rançonner la mort » bien que cela ne rende pas le sens du terme sanskrit d'origine autant que « tromper (ou duper) la mort ». Pour plus d'information sur les formes indiennes et les formes tibétaines plus récentes de la pratique, voir Michael Walter « Cheating Death » dans David Gordon White (ed.), Tantra in Practice, Princeton & Oxford: Princeton University Press, 2000, pp. 605–623, et Irmgard Mengele, « Chilu ('Chibs lu): Rituals for Deceiving Death » dans José Ignacio Cabezón, Tibetan Ritual, Oxford & New York: Oxford University Press, 2010, pp. 103–129.  ↩

  14. c.-à-d., Bodhicaryāvatāra, X, 47.  ↩

  15. bka' gdams glegs bam. Voir The Book of Kadam : The Core Texts, traduit par Thupten Jinpa, Boston: Wisdom Publications, 2008, p. 248.  ↩

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