Introduction à Vasudhārā
Introduction à Vasudhārā
par Stefan Mang
Vasudhārā (parfois orthographiée Vasudharā), dont le nom signifie « torrent de gemmes » ou « détentrice de trésors », est une déesse bouddhiste associée à la richesse, à l’abondance et à la prospérité spirituelle[1]. On la considère souvent comme la compagne de Jambhāla, déité de richesse masculine, et aussi comme une émanation du bouddha Ratnasambhava, lequel, parmi les cinq tathāgata, personnifie la générosité et la prospérité.
Si les qualités de Vasudhārā évoquent celles de déesses hindoues (Lakṣmī, par exemple), le bouddhisme l’aborde non seulement comme une dispensatrice de fortune, mais aussi comme une déité qui soutient le cheminement vers l’éveil[2].
Son culte est très répandu dans les traditions bouddhistes de l’Himalaya et de l’Asie centrale, particulièrement dans le bouddhisme néwar au Népal, où elle occupe une place de premier plan dans la vie pieuse et rituelle. Dans ce contexte, Vasudhārā fut incorporée au Saptavāra, un cycle liturgique de sept dhāraṇī (incantations) puissantes récitées successivement selon les jours de la semaine pour la protection, la purification et l’accumulation de mérites[3].
Dans l’iconographie, Vasudhārā est communément représentée avec une teinte dorée, et deux ou six bras, tenant des symboles d’abondance à la fois matérielle et spirituelle – tels qu’une gerbe de céréales, un vase aux trésors, une averse de joyaux, un manuscrit. Ces attributs ne la dépeignent pas seulement comme une déesse de la richesse, mais aussi comme une personnification de la perfection de la générosité (dāna-pāramitā) et de la sagesse (prajñā) [4].
Parmi les nombreuses prières et pratiques qui lui sont dédiées, l’une des plus populaires est le texte canonique intitulé La dhāraṇī de la Noble Vasudhārā, dont il subsiste diverses formes, tant en tibétain qu’en sanskrit. Ce texte enseigne sa dhāraṇī sacrée, dont on dit qu’elle confère la prospérité et la richesse tout en écartant les esprits nuisibles, les démons et les maladies.
Si ce qu’elle accorde peut sembler mondain, Vasudhārā est ultimement révérée comme une aide précieuse sur la voie spirituelle. On estime qu’en allégeant les difficultés matérielles et en stabilisant la vie des pratiquants, ses bénédictions éliminent les obstacles à la pratique spirituelle et facilitent l’entraînement à l’éthique, à la méditation et à la sagesse. Vasudhārā est donc vénérée non pas seulement à titre de dispensatrice de richesse, mais en tant que bodhisattvi compatissante qui cultive les conditions nécessaires à l’atteinte de l’éveil.
Pour en savoir plus
Bühnemann, Gudrun. “A Dhāraṇī for Each Day of the Week: The Saptavāra Tradition of the Newar Buddhists.” Bulletin of the School of Oriental and African Studies 77, no. 1 (2014): 119–136.
Handurukande, Ratna. Vasudhārādhāraṇī (kathā). In Buddhist and Pali Studies in honour of the Venerable Professor Kakkapalliye Anuruddha, (ed.) K.L. Dhammajoti and Y. Karunadasa. Centre of Buddhist Studies. The University of Hong Kong, 2009, 53–64.
Handurukande, Ratna. “The Buddhist Goddess Vasudhārā.” In Dhamma-Vinaya: Essays in Honour of Venerable Professor Dhammavihari (Jotiya Dhirasekera), Sri Lanka Association for Buddhist Studies (SLABS), 2005, 111–122.
Shaw, Miranda. Buddhist Goddesses of India. Princeton and Oxford: Princeton University Press, 2006.
Version : 1.0-20251001