L’excellent chemin du sens définitif

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Jamyang Khyentsé Chökyi Lodrö

Bouddha Vajradhara

L’excellent chemin du sens définitif

Une expression infaillible du Mahāmudrā définitif

par Jamyang Khyentsé Chökyi Lodrö

Omniprésent Vajradhara, Tilopa,
Nāro, Maitrī, Marpa, Mila, Dakpo et les autres –
Ô, innombrables adeptes Kaygü, regardez-moi avec compassion !

Ce que j’appelle mon propre esprit est cette conscience qui papillonne
Et pense par intermittence à tout ce à quoi on peut penser.
Sa réalité apparente, quand on ne l’examine pas, est ce qui nous ligote.
Empêtré dans les espoirs et les peurs, l’existence m’épuise,
Avec tout ce qu’elle implique de pensées dualistes, d’idées fausses, d’acceptation et de rejet.
Quand, grâce à la bonté du guru, j’applique l’analyse,
Je vois que l’esprit est entièrement vide de provenance, de durée et de départ.
Sans base ou origine, l’esprit lui-même est grande vacuité.
C’est l’état naturel de tous les phénomènes du saṃsāra et du nirvāṇa.
C’est le dharmadhātu, vaste, sans borne, illimité.
Ignorance et présence éveillée sont ce qu’on nomme « saṃsāra » et « nirvāṇa ».
Avec la réalisation, nous sommes des bouddhas; en son absence, nous sommes des êtres ordinaires.
En fait, il n’existe ni saṃsāra ni nirvāṇa.
On parle parfois de dharmadhātu, sugatagarbha,
Vajra-de-l’esprit, vacuité totale dotée de tous les aspects suprêmes

Il existe de nombreux noms, mais ils font tous référence à la même chose.

Pour ce qui est des étapes du chemin menant à cette réalisation,
Elles incluent le mûrissement de notre être, l’entraînement de l’esprit,
Les accumulations, la purification des obscurcissements, et la dévotion.
En appliquant ces points clés, on peut recevoir les bénédictions du maître;
Alors, par des moyens symboliques, ou sans enseignement ni méditation, en un instant,
Maître et disciple se fondent l’un dans l’autre et ne font qu’un au sein de la dharmatā,
De sorte que la présence éveillée est soudain claire dans le Mahāmudrā inexprimable.
Non contaminée par la conscience ordinaire, c’est l’union de la clarté et de la vacuité.
On en fait l’expérience comme quelque chose de perpétuel, intemporel, au-delà des trois temps.
Sans saisie ni effort, et sans sombrer dans la distraction,
On évite le piège des constructions mentales et tout désir de méditer.
Les impressions sensorielles et les pensées s’auto-libèrent : elles disparaissent d'elles-mêmes.
Leur libération s’entame au moment même où elles se manifestent.
On voit alors la grande égalité de l’immobilité, du mouvement et de la présence éveillée.
Toute pensée qui se produit se dévoile être le jeu du dharmakāya,
Et l’on gagne des qualités inépuisables en fait de connaissance, d’amour et de pouvoir.
Quand l’esprit-souffle et l’expérience se mélangent inséparablement,
On atteint la pleine mesure du Mahāmudrā du chemin.

Avec le Mahāmudrā du fruit, corps et esprit sont libres d’entraves;
Omnipénétrants comme l’espace, ils possèdent les sept traits de l’union[1],
Un trésor de qualités océaniques relevant des kāya et sagesses,
Et l’on atteint l’état du glorieux et puissant Vajradhara.

Écrit par Yéshé Dorjé.


| Traduit en français par Vincent Thibault (2024) sur la base de la traduction anglaise d’Adam Pearcey (2020), qui remerciait la Khyentse Foundation et le Tertön Sogyal Trust.


Bibliographie

Sources tibétaines

'Jam dbyangs chos kyi blo gros. "nges don phyag rgya chen po'i rtogs pa ma 'khrul bar brjod pa nges don lam bzang" in ’Jam dbyangs chos kyi blo gros kyi gsung ’bum. 12 vols. Bir: Khyentse Labrang, 2012. W1KG12986 Vol. 8: 565–566.

'Jam dbyangs chos kyi blo gros. "nges don phyag rgya chen po'i rtogs pa ma 'khrul bar brjod pa nges don lam bzang" in gsung 'bum/_'jam dbyangs chos kyi blo gros/ (dbu med/). TBRC W21813. 8 vols. Gangtok: Dzongsar Khyentse Labrang, 1981–1985. http://tbrc.org/link?RID=W21813 Vol. 2: 469–471.


Version : 1.0-20240402



  1. Les sept qualités d’un bouddha en sambhogakāya : la pleine jouissance, l’union, la grande félicité, l’absence de nature propre, la compassion, la continuité ininterrompue et l’absence de cessation. (Voir Dharmapedia.fr, article « Les sept traits de l'union suprême, les sept qualités d'un saṃbhogakāya ».)  ↩

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