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ISSN 2753-4812
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L’histoire de Jomo Ta Wu

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L’histoire de Jomo Ta Wu

extraite du Grand trésor dharmique des ḍākinī

Vers la fin de la dynastie Qing, une femme du clan Yen se fit connaître sous le nom de Jomo Ta Wu[1]. Elle demeura au monastère de Jo[2], à Lantong[3], associé à Guanyin[4]. Dans sa région natale, elle a acquis la renommée pour sa grande diligence envers la méditation et la joie qu’elle ressentait à aider autrui.

Jomo Ta Wu naquit à Lantong[5] en 1854. Alors qu’elle était encore fort jeune, ses parents firent en sorte qu’elle épouse un noble du clan Tsa. Cependant, le mariage n’eut jamais lieu, car entretemps, le fiancé mourut d’une maladie. La jeune femme se promit alors de ne jamais se marier.

Alors qu’elle avait environ vingt ans, elle prit l’ordination dans un couvent dédié à Guanyin, dans le sud[6]. Une fois ordonnée, elle supporta sans se plaindre toutes les épreuves qui se présentaient, et s’acquitta de diverses tâches au monastère, qu’il s’agisse de porter l’eau, de rincer le riz, de couper du bois, de cuisiner, ou de toute autre nécessité. Elle se montrait par ailleurs extrêmement assidue dans sa pratique spirituelle, se levant tôt et se couchant tard pour se dévouer au saint Dharma. Soucieuse d’éviter la paresse, elle récitait constamment le nom du Bouddha Amitābha.

Elle disait toujours :

Les enseignements du Bouddha sont si merveilleux ! Il existe d’innombrables portes du Dharma, mais celle que nous empruntons permet d’accéder rapidement à la terre pure[7]. Rendre hommage au Bouddha, chanter, méditer, et faire des offrandes – toutes ces pratiques constituent des moyens de purifier les obscurcissements. Une fois ces derniers purifiés, il est facile de parvenir à l’accomplissement.

Au fil du temps, elle devint célèbre pour de tels enseignements.

Ayant constaté que les temples extérieurs et intérieurs du monastère de Jo étaient en mauvais état, elle récolta des ressources auprès de sa famille[8] pour les rénover de fond en comble. De plus, elle cultiva un grand champ de légumes pour nourrir tout le couvent. On dit que chaque fois qu’elle apercevait quelqu’un dans le besoin, elle lui offrait ce qu’elle pouvait.

Vers la fin de sa fin, réalisant que le sablier était presque écoulé, elle entreprit un pèlerinage au mont Putuo[9] et au mont Jiuhua[10]. Pendant ces années-là, elle fit l’expérience de nombreux signes d’accomplissement spirituel. Elle ressentit une joie indicible, car elle avait atteint ses objectifs les plus chers.

Le vingt-huitième jour du deuxième mois de l’an 1927, ne montrant aucun signe de maladie, elle écrivit ces vers en guise de dernier testament :

Si tu abandonnes complètement les activités ordinaires
Et t’appliques sans distraction à la récitation, ton esprit sera pur.
Dans un moment de parfait recueillement[11], tu transcenderas les malheurs de ce monde éprouvant.
Une fois que tu auras renoncé au désir, à l’hostilité et à l’ignorance,
Alors, sans le moindre vêtement, tu prendras un corps de lumière.
Le dharmakāya devenu évident, tu seras libre des souffrances du saṃsāra.
Une fois arrivée à Sukhāvatī, tes aspirations pures seront toutes parfaitement comblées.

Elle dit alors à ses disciples qu’elle pouvait voir les bouddhas et bodhisattvas qui l’accueillaient, et qu’il était temps pour elle de s’en aller. Elle s’est redressée, assise jambes croisées, et a rendu son dernier souffle. Cinq reliques furent retrouvées dans ses cendres.

Cette histoire fut traduite en tibétain, à partir de sources chinoises, par Khenmo Dawa Drolma.


| Traduit en français par Vincent Thibault (2025) sur la base de la version anglaise de Joseph McClellan (2025).


Bibliographie

Source tibétaine

mkhan mo zla ba sgrol ma, trans. "jomo ta bos." (2017). In mkhaʼ ʼgroʼi chos mdzod chen mo (Par gzhi dang poʼi par thengs dang po, Vol. 8, pp. 316–317. Bod ljongs bod yig dpe rnying dpe skrun khang. MW3CN2459_87D7FA.


Version : 1.0-20250804


  1. ta bos.  ↩

  2. jo dgon.  ↩

  3. lan thong. On ne sait trop où cette ville ou région se trouve. Plus loin dans le texte, on peut lire lan thung. Selon la plupart des grands modèles de langage consultés, il pourrait s’agir de Lanzhou, dans la province du Gansu. Un modèle suggère qu’il pourrait s’agir d’une translittération inhabituelle de Nanjing (ou Nankin), dans la province du Jiangsu.  ↩

  4. Le texte tibétain lit thugs rje chen po, littéralement « Le grand compatissant », ce qui renvoie le plus souvent à Avalokiteśvara. Le traducteur anglais, que nous avons suivi, a adapté à la lumière du contexte.  ↩

  5. Ici épelé lan thung. Nous supposons qu’il s’agit du même endroit que lan thong.  ↩

  6. L’emplacement exact n’est pas précisé.  ↩

  7. dag zhing ba'i chos sgo. Référence à la voie axée sur la foi et l’aspiration à renaître sur la terre pure d’Amitābha.  ↩

  8. « Auprès de sa famille » interprète rang gi rgyu rdzas (« sa propre richesse »). Comme elle était nonne depuis son jeune âge, cette richesse a dû venir de sa famille.  ↩

  9. ri bo gru 'dzin. Référence, probablement, au mont Putuo (普陀山, Pǔtuó Shān), dans la province du Zhejiang.  ↩

  10. dpa' ri rtse dgu. Il s’agit probablement du mont Jiuhua (九华山, Jiǔhuá Shān), dans la province de l’Anhui, en Chine.  ↩

  11. Ce que nous avons exceptionnellement traduit par « recueillement » est en fait le mot dran, qui a plus littéralement le sens de « rappel » ou « souvenir ».  ↩

Khenmo Dawa Drolma

Larung Ārya Tāre Book Association

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