Une lampe éclairante
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Introduction du traducteur
Le texte qui suit, Ma 'ongs lung bstan gsal byed sgron me, a d’abord été traduit en anglais par feu Stephen Brinson Aldridge (Ka-rma gSung-rab rgya-mtsho, 1948–2018) sous le titre The Light That Makes Things Clear: A Prophecy of Things to Come. Cette traduction a suscité un vif intérêt, notamment parce que le traducteur considérait que les événements prédits allaient se produire dans un avenir relativement proche, et plus particulièrement au cours de la période allant de 2026 à 2032. D’aucuns ont également fait un lien entre ce texte et le coronavirus, comme si la pandémie avait été un signe avant-coureur de plus grands malheurs à venir.
Je profite de cette introduction à cette nouvelle traduction réalisée dans le cadre du Projet du soungboum de Jamyang Khyentsé Chökyi Lodrö pour mentionner quelques points – cinq, en fait – dans l’espoir de clarifier certaines questions soulevées par ce texte énigmatique. Bien entendu, tout cela est provisoire. Il est possible qu’au fil du temps, d’autres éditions émergent et apportent de nouveaux éléments de réponses.
Une lampe éclairante : Prophétie des temps à venir
extraite des Paroles du Bouddha compilée par Jamyang Khyentsé Chökyi Lodrö[1]
Hommage aux Trois Joyaux[2] !
Le Bienheureux a enseigné le texte suivant, lequel est bénéfique pendant l’ère des dégénérescences.
L’ensemble de ce qu’on appelle le Dharma s’assimile à un chemin, ou une voie. Pourquoi ? Parce que c’est sur cette voie que tous les êtres cheminent. On parle donc du Dharma comme d’une voie.
Une fois, alors que le Bienheureux était assis sous l’arbre de la bodhi, il vit tous les êtres vivants de Jambudvīpa. Il vit qu’à la fin des temps, pendant la période de cinq cents ans, une époque malheureuse adviendrait. Quant aux pensées et actions de tous les êtres : ceux qui rencontreront ce texte grâce à leurs dix puretés seront grandement méritants, mais ceux qui ne le rencontreront pas n’auront qu’un faible mérite et subiront d’intenses souffrances dues aux émotions conflictuelles. Les humains sur terre auront l’impression d’être déchiquetés à coups d’armes.
Le vénérable Ānanda dit au Bienheureux, « Ô Bienheureux, puisque vous éprouvez de la compassion pour les humains, veuillez les sauver de cette souffrance ! »
Le Bienheureux dit au vénérable Ānanda, « Je vais t’expliquer. Je demeurais dans la vastitude de l’espace, et j’ai dirigé mon intention pour voir les êtres vivant sur Jambudvīpa. Prêtez tous attention à mes paroles : ce texte de Dharma est un enseignement qui sera bénéfique quand surviendra une époque terrible. L’écrire, le réciter et pratiquer la visualisation et la récitation du Grand Compatissant purifiera promptement toutes les actions nuisibles et les obscurcissements. Honorer ce texte avec des offrandes d’encens et de fleurs apportera le bonheur à tous les êtres. Écrire et réciter ce texte mènera à une excellente renaissance dans toutes les vies à venir. »
Au pied de l’arbre se trouvait un grand lac, sur les rives duquel était assise l’émanation de la Grande Compassion, qui avait dirigé sa magnanimité vers tous les êtres vivants et pleurait intensément. Le Bienheureux dit :
« Grand Compatissant, écoute bien. Nul besoin de pleurer ; plutôt, écoute attentivement ce que j’ai à dire. Au cours du mois du tigre de la nouvelle année, j’ai décidé de me rendre dans le monde des humains[3]. Tous les êtres de cet âge sombre, je les ai alors libérés de l’océan de souffrances qu’est le saṃsāra. Ils ont entièrement renoncé aux actes nuisibles. J’ai même guidé les êtres qui avaient chuté dans les enfers. C’est alors que j’ai propagé ce texte de Dharma. L’écrire ou le réciter mettra fin à toute maladie. Toute personne qui le met par écrit profitera à son village tout entier. Toute ville où ce texte est écrit sera bénéfique à l’ensemble du pays. Le mérite des humains croîtra, et les circonstances négatives et les obstacles seront écartés. On sera libéré des souffrances des enfers. Ce sera bénéfique tant au cours de cette vie que dans les vies à venir. C’est la voie essentielle pour tous les êtres des six classes. S’y remettre est comme naviguer sur un bateau pour traverser un fleuve ou un océan. Il est donc crucial de ressentir de la foi et une dévotion pure à l’égard de ce texte. Il prodiguera de grands bienfaits en attendant la venue de Maitreya parmi les humains. Transcrire ce Dharma et le partager avec autrui suscitera des mérites infinis, au cours de cette même vie et dans ce même corps. Il tarira l’océan ensanglanté du saṃsāra.
« En raison de dix impuretés mentales, les êtres seront d’abord submergés par les émotions perturbatrices. Comme tous les êtres méritent notre compassion ! Deuxièmement, le monde des humains se transformera en une vallée remplie de sang. Troisièmement, même si les céréales seront plantées et les terres, cultivées, on ne sera pas libre de jouir des résultats[4]. Quatrièmement, les humains subiront d’intenses souffrances. Cinquièmement, les gens manqueront de vision lorsqu’ils voyageront sur des chemins[5]. Sixièmement, les villes seront envahies par des animaux sauvages carnivores. Septièmement, dans les pays et royaumes, les bâtiments resteront vides[6]. Huitièmement, on verra des animaux sauvages carnivores errer sans but[7]. Neuvièmement, même si certaines personnes survivront, elles n’oseront pas rester. Dixièmement, fantômes affamés et esprits malveillants apparaîtront et rôderont dans les villes. Ces phénomènes adviendront sur la base des dix impuretés.
« Les gens ne se respecteront pas les uns les autres et feront apparemment leur propre éloge tout en dénigrant autrui. Cependant, si les quatre classes sociales parmi les humains – dirigeants, marchands, ouvriers et prêtres[8] – font toutes preuve de confiance et de révérence envers ce texte, ce sera une époque heureuse. »
Le Bienheureux dit, « Ceux qui se méfient de ce texte se tromperont mutuellement et tomberont dans l’enfer des tourments incessants (avīci). Ils n’entendront pas le Dharma, et leurs cris d’angoisse résonneront jusque dans les cieux comme sur terre. Une époque d’épidémies s’amorcera[9]. Écrire ou réciter ce texte de Dharma immédiatement après l’avoir entendu permettra de surmonter toutes les épidémies et famines. Cela mènera également à une excellente renaissance.
« Il y a sept sortes de souffrances en ce monde[10] : premièrement, la souffrance de la chaleur et du froid des enfers ; deuxièmement, la souffrance de la faim et de la soif parmi les prétas ; troisièmement, la souffrance de l’ignorance et de la confusion chez les animaux[11] ; quatrièmement, la souffrance de la naissance, de la vieillesse, de la maladie et de la mort, de même que le manque de liberté, la pauvreté et l’adhésion aux vues erronées chez les humains[12] ; cinquièmement, la souffrance de l’hostilité et des conflits chez les asuras[13] ; sixièmement, la souffrance de la mort, de la transmigration et de la chute pour les dieux[14] ; et septièmement, la souffrance du bardo du devenir. Avoir confiance en ce texte, qui est bénéfique en pareilles circonstances, causera la réalisation de tous les souhaits et l’élimination de toutes les maladies. Cela suscitera l’excellence d’une époque lointaine.
« Peut-être vous demandez-vous pourquoi il en est ainsi. Lors d’une année du Cheval de Feu, un météore de la taille d’un gros rocher[15] tombera depuis la vastitude de l’espace et atterrira sur la rive d’un grand plan d’eau[16]. Quand ce météore se fissurera, un texte en émergera. Il sera alors crucial que ce texte de Dharma soit transmis d’une personne à l’autre et qu’il ne soit pas caché ou tenu secret. Il n’est pas destiné à seulement un ou deux individus ; au contraire, c’est pour le bien de tous les êtres sensibles qu’il a été établi. Puissent toutes les souffrances du saṃsāra prendre fin !
« Dans le futur, à la fin de la période de cinq cents ans,
Quand les enseignements du Bouddha déclineront,
Quand la discipline des moines se sera détériorée,
Quand les esprits seront obnubilés par des pensées négatives,
Quand les gens se gorgeront de méfaits et de promesses brisées,
Quand ils s’adonneront aux dix actions nocives,
Quand les pratiquants des mantras réciteront des maléfices,
Quand les cinq poisons seront cultivés tout au fond,
Quand les gens se comporteront mal physiquement et verbalement,
Quand les enseignements du Dharma seront dans leur déclin final,
Quand des plumages pousseront à flanc de montagne[17],
Quand le bois sera conservé dans un coffre en fer[18],
Quand les gens commettront des actes répréhensibles –
Toutes ces actions, fautes et lacunes[19]
Annonceront certainement une terrifiante période de crise.
Ce texte qui dissipera les conditions d’une époque funeste
Doit être écrit ou récité à l’instant même où on l’aperçoit –
Ne doutez nullement que les maux de cette époque en seront évités.
Il suffit de se demander si cela est vrai ou non.
Disons et exprimons uniquement la vérité.
Tous ceux qui prétendent qu’il s’agit d’une fausseté,
Seront frappés par les symptômes de la maladie,
Du bout de leurs cheveux, sur leur tête,
Jusqu’à l’extrémité de leurs orteils. »
Quand le Bienheureux se fut ainsi exprimé, le Grand Compatissant, Maitreya, Ānanda, et le monde entier avec ses humains, asuras et gandharvas, se réjouirent et louèrent les paroles du Bienheureux.
Alors, le Bienheureux étendit sa main droite, magnifiquement ornée des marques et des signes, et toucha le sol : ce faisant, il subjugua les forces démoniaques et leurs suites. Il faut s’entraîner à cette perfection transcendante de la sagesse, qui suscite une joie et un bien-être mental inconcevables, et qui subjugue et pacifie les maladies et les forces démoniaques.
Le Bienheureux entra ensuite dans l’absorption méditative semblable au Gange[20], et prononça ce texte qui résume tous les excellents enseignements des sūtras.
Ānanda s’adressa une fois de plus au Bienheureux : « Bienheureux, ce Dharma que vous avez enseigné vise à écarter les obstacles et les circonstances négatives dans le saṃsāra. En l’an du Singe mâle de Terre, une épidémie se propagera, et il sera crucial d’avoir une méthode profonde pour y faire face. Si les êtres doutent de cette vérité et manquent de confiance en ce texte, le négligeant par indifférence de sorte qu’il ne soit pas diffusé[21], cela ne fera que les délices des forces maléfiques. Mais le fait de copier ce texte et d’y faire confiance suscitera un grand bonheur. Ce texte de Dharma sera bénéfique. »
Le Bienheureux répondit[22] :
« Très bien. C’est même merveilleux.
Cela devrait être enseigné partout, et tôt ;
Une excellente abondance de vertu en résultera.
Mérites et qualités s’épanouiront pleinement.
Tous les parfaits bouddhas l’ont dit.
Nanda, Upananda, et tous les autres :
Appliquez-vous à cette démarche bénéfique aux êtres.
Dans le futur, à la fin des temps,
Sa vertu dépassera l’imagination.
Pour quiconque y accorde sa foi,
Tous les souhaits seront exaucés,
Et les obstacles et l’adversité seront bannis.
Une personne qui a foi dans les enseignements du Bouddha
Devrait faire des offrandes d’encens et de fleurs. »
Le protecteur Maitreya regarda alors depuis l’immensité de l’espace et vit que les êtres humains pleuraient des larmes de sang. Il alla voir le Bienheureux et dit, « Bienheureux, je vous implore de dispenser un Dharma pour le futur, qui communique son message en peu de mots tout en étant chargé de merveilleuses bénédictions. »
Le Bienheureux répondit :
« C’est excellent, Maitreya.
Écoute bien mes paroles.
Elles visent le bien de tous les êtres,
Y compris Brahmā, Śakra et leurs semblables.
C’est pour le bien de tout ce qui vit
Que j’ai verbalement communiqué ce message.
Il doit être respecté et appliqué diligemment,
Puisqu’il apportera une abondance de vertus.
« Plus tard, au cours du premier mois de l’automne, pendant une année du Cheval mâle de Fer, les gens malveillants qui n’auront pas confiance en ce texte mourront. Les gens qui copieront ou réciteront ce texte vivront longtemps, profiteront d’une bonne santé et acquerront de grands mérites. Toutes les forces nuisibles de cet âge sombre viendront errer dans les villages. Invisibles aux êtres humains, elles traverseront des lieux incertains tout en restant cachées. À ce moment-là, les bénédictions de ce texte de Dharma feront trembler et s’enfuir tous les esprits, forces maléfiques et influences néfastes. Il est vital que ce texte soit diffusé dans toutes les contrées. N’y voyez pas une fausseté et n’ayez pas de doute.
« Pour ceux qui manquent de foi dans ce Dharma enseigné par le sage et vénérable Bouddha – le Sougata, connaisseur du monde, guide et dompteur des êtres, enseignant insurpassé des dieux et humains, conquérant éveillé et transcendant –, un grand tremblement de terre se produira lors d’une année du Cheval de Feu. La crise qui se déclenchera alors s’intensifiera dans une année de la Brebis de Feu, et certaines personnes contracteront des maladies dues aux impuretés (grib) et mourront[23]. Certains mourront sur la route, d’autres, dans des glissements de terrain[24].
« Lors d’une année du Singe mâle de Terre se produiront de terribles inondations. L’été, des maladies causées par la famine occasionneront des décès. À ce moment-là, des esprits nuisibles envahiront le pays. Copier et réciter cet enseignement protégera des influences néfastes et des créateurs d’obstacles.
« Lors d’une année de l’Oiseau femelle de Terre, il sera crucial d’éviter de nuire à autrui, de s’abstenir de consommer de la chair ou du sang, et de préserver ses vœux.
« Lors d’une année du Chien de Fer, les régions et les villes seront envahies par des tigres, léopards, ours, loups et chacals. Il sera alors crucial de copier et de réciter ce Dharma comme moyen de libération pour les êtres humains.
« Lors d’une année de la Brebis de Fer[25], tous les êtres sensibles en viendront à perdre leur maîtrise de soi, comme des morceaux de papier soufflés par le vent, ou comme un grand lac qui s’agite et déborde. Alors, les gens qui n’auront pas foi en ce texte mourront. »
Le Bienheureux dit au Grand Compatissant :
« Au cours d’une année de la Souris, le son mélodieux du Dharma émanera de la vastitude de l’espace. Si on copie ou récite alors ce texte qui rayonne dans les quatre directions cardinales et les huit directions intermédiaires avec le pouvoir et la force des bénédictions des bouddhas, comme la lumière du soleil et de la lune, cela sera bénéfique en attendant l’arrivée de Maitreya. Tel est le potentiel de ce texte.
« Si ce texte est copié ou récité à voix haute,
Il en ressortira une montagne de mérites.
Dans un palais sur le mont Potala
Demeure l’émanation de la parole des bouddhas,
Entourée d’un cortège de bodhisattvas.
Il mènera tous les êtres – au-dessus, en dessous,
Et dans chacune des dix directions – au bonheur.
« De plus, le Grand Compatissant, éprouvant une profonde empathie pour tous les humains, diffusa ce texte[26] pour le bien des êtres sensibles. Si l’on en doute et qu’on n’y voit que fausseté, alors, au cours des mois du début et du milieu de l’été, une épidémie se déclarera. Les gens tomberont malades le matin et mourront le soir[27]. À ce moment-là, alors qu’une ère de crises se déploiera, les plantes et forêts seront taillées et abattues, les montagnes rocheuses s’effondreront depuis leur base, et la terre tremblera et se secouera, comme incapable de rester immobile. Pas plus d’une personne sur dix survivra. Ne pensez pas qu’il s’agit de faussetés, car ce sont les paroles du Bienheureux[28]. Comme tous les êtres méritent notre compassion !
« Puis, au cours d’une année de la Brebis de Feu et du Singe mâle de Terre, la sombre période de “cinq cents ans” s’amorcera. Des conflits éclateront partout – dans les quatre directions cardinales et les huit directions intermédiaires. Les humains se querelleront et se battront entre eux[29]. Le présent Dharma libère toutefois des ravages du temps. Le copier et le réciter sitôt aperçu surmontera les conflits. Ce texte, qui apporte le bien-être s’il est retranscrit ou récité, suscitera une vertu sans bornes et libérera de toute peur et de toute crainte.
« Ce texte de Dharma n’est pas seulement destiné à une ou deux personnes ; c’est pour le bien de tous les êtres sensibles qu’il fut composé. Si ce texte de Dharma est distribué dans tous les pays, dans toutes les directions, les humains jouiront d’un bonheur et d’un bien-être merveilleux. Grâce à une abondance de vertu[30], les souffrances des êtres prendront fin.
« À moins qu’on se souvienne diligemment de ce texte pendant cinq ou six mois, une époque d’épidémies s’amorcera. Certains mourront de fièvre ; certains mourront de maladies associées au froid[31] ; certains perdront la raison et mourront[32] ; certains mourront d’une affection de la gorge[33] ; certains mourront d’une maladie du cœur ; certains subiront des douleurs intestinales puis mourront ; certains mourront d’une maladie du foie. Il y a un remède pour ces esprits néfastes et ces maladies[34].
« Les fils et filles de noble famille devraient garder sur leur corps ce texte qui prévient et résout ces formes de maladies et d’influences nuisibles. Le mantra qui protège et affranchi de tous les esprits divins, esprits-nāgas, esprits élémentaux et épidémies – Émaho, p’en no p’en no svāhā[35] – devrait être porté sur le côté droit pour les hommes et sur le gauche pour les femmes. Cela libérera de toutes les épidémies et suscitera une excellente renaissance. Il ne fait aucun doute que le copier, le réciter et ressentir de la foi à son égard permettra de se libérer du sanglant océan de souffrances qu’est le saṃsāra.
Comme tous les gens entre ciel et terre méritent notre compassion[36] ! Puissent toutes les maladies causant une mort prématurée chez les humains être totalement pacifiées ! Puissent les êtres jouir de l’excellence des époques lointaines ! Qu’ils en viennent à posséder un mérite incommensurable !
Pour les êtres qui manquent de foi à l’égard de ce texte de Dharma, il n’y aura pas de moment de libération[37]. Les villes seront envahies par diverses formes d’esprits nuisibles. Alors, les lamentations des gens rempliront l’air et résonneront partout sur la terre[38]. Même s’il y aura des fruits et des grains nourrissants, personne n’aura la force de les consommer. Toute la population mangera des aliments démoniaques[39].
Alors, le Grand Compatissant, le noble Avalokiteśvara, dit ce qui suit[40] afin que la compassion naisse dans l’esprit des êtres : « Bienheureux, je prie pour que vous imprégniez ce texte de vos bénédictions. Consacrez-le avec vos pouvoirs magnétiques, je vous en prie ! »
Le Bienheureux dit, « Si ce texte est vénéré avec foi et dévotion, les temps obscurs prendront fin. Il en ressortira l’incommensurable mérite de l’affranchissement de toute forme de maladie contagieuse. Que tous les humains de cette terre soient libérés des conflits, maladies et misères des époques funestes, et qu’ils accèdent à toute l’excellence d’une époque lointaine[41] !
« Conformément à cette aspiration pour la vertu[42], et particulièrement s’il est récité tant pendant le mois du cheval[43] que pendant celui du lièvre[44], d’inimaginables qualités bienfaisantes en ressortiront. Les gens qui copient et récitent ce texte jouiront d’une vie longue, dans le bonheur et la santé[45]. Copier partiellement le texte pacifiera toutes les causes de malheur à une époque funeste.
Le texte a déjà circulé, par le passé, lors d’une année du Dragon[46]. Il semble qu’il n’ait pu alors se répandre dans le monde. C’est ainsi que l’âge sombre s’est initialement installé. Plus tard, le texte a circulé lors d’une année du Cheval mâle de Fer.
Ce texte de Dharma est le moyen d’éviter les époques funestes. À moins qu’il puisse se répandre dans toutes les régions, les récoltes seront ravagées par la rouille, la grêle et le gel, ce qui entraînera des famines. Une épidémie de maladie inidentifiable éclatera, causant douleurs et misères. Il ne fait aucun doute que copier ou réciter ce texte entraînera la libération de toute souffrance.
Jusqu’à ce que le victorieux protecteur Maitreya arrive en ce monde, ce texte de Dharma servira de refuge pour les êtres. Pour ceux et celles qui éprouvent foi et dévotion à l’égard de ce texte, puisse-t-il nettoyer et purifier tous les actes nuisibles, les obscurcissements et les tendances habituelles ! Puissent les récoltes être à jamais excellentes ! Puisse la vertu abonder ! Puisse-t-il être comme un joyau fournissant tout ce que l’on désire et requiert[47] ! Puisse tout être de bon augure, dans toutes ces régions ! Que tous les lieux resplendissent ! Les maladies, famines et guerres totalement résolues, puissent les pluies opportunes apporter de merveilleuses récoltes, et puissent tous les souhaits être spontanément exaucés ! Tandis que la richesse et la prospérité se répandent dans toutes les régions, puisse la roue du Dharma tourner et rester toujours bien ancrée !
Quand le Bienheureux se fut ainsi exprimé, le Grand Compatissant, Maitreya, Ānanda, et le monde entier, incluant les dieux, les humains, les asuras et les gandharvas, se réjouirent et louèrent les paroles du Bienheureux.
Ainsi s’achève Une lampe éclairante : Prophétie des temps à venir[48].
| Traduit en français par Vincent Thibault (2025) sur la base de la traduction anglaise d’Adam Pearcey (2020), lequel remerciait la Khyentse Foundation et le Terton Sogyal Trust pour leur soutien, de même qu’Alak Zenkar Rinpoché pour son aide.
Bibliographie
Éditions tibétaines
A 'dzom "Ma 'ongs lung bstan gsal byed sgron me" in Khams a 'dzom dgon du bzhugs pa'i dpe rnying dpe dkon/ BDRC W3PD981. 9 vols. vol. 7: 521–544
mChan bu Ma 'ongs lung bstan gsal byed sgron me. BDRC W8LS19467. 1 vols. [s.l.]: [s.n.], [n.d.].
NLMa "Ma 'ongs lung bstan gsal byed sgron me" in Dam can khrag 'thung gsol mchod sogs/ (collection of texts scanned at National Library of Mongolia). BDRC W1NLM182. 1 vols. [s.l.] : [s.n.], [n.d.]
NLMb "Ma 'ongs lung bstan gsal byed sgron me" in lhag pa'i lha gang yang rung ba'i sgo nas rang gzhan dang dgon grong la byabs khrus rgyun 'khyer du bya tshul sogs/ (collection of texts scanned at National Library of Mongolia). BDRC W1NLM195. 1 vols. [s.l.] : [s.n.], [n.d.]
NLMc "Ma 'ongs lung bstan gsal byed sgron me" in Phongs sel sgrol ma'i sgrub thabs maN+Dal gyi bden cho ga rim sogs/ (collection of texts scanned at National Library of Mongolia). BDRC W1NLM608. 1 vols. [s.l.] : [s.n.], [n.d.]
NLMd "Ma 'ongs lung bstan gsal byed sgron me" in Ma 'ongs lung bstan gsal byed sgron me sogs/ (collection of texts scanned at National Library of Mongolia). BDRC W1NLM408. 1 vols. [s.l.] : [s.n.], [n.d.]
gSung 'bum "Ma 'ongs lung bstan gsal byed sgron me" in 'Jam dbyangs chos kyi blo gros kyi gsung 'bum. BDRC W1KG12986. 12 vols. Bir, H.P.: Khyentse Labrang, 2012. Vol. 10: 587–602.
Ya chen "Ma 'ongs lung bstan gsal byed sgron me" in Lung bstan phyogs btus/. BDRC W3CN532. 4 vols. dPal yul rdzong /: dPal ya chen o rgyan bsam gtan gling /, 2016. Vol. 1 : 1–9
Sources secondaires
Karma Sungrab Gyatso (Stephen B. Aldridge). The Light That Makes Things Clear: A Prophecy of Things to Come. https://www.shroomery.org/forums/showflat.php/Number/2787246 (accessed 15 April 2020)
Nattier, Jan. Once Upon a Future Time: Studies in a Buddhist Prophecy of Decline. Berkeley: Asian Humanities Press, 1991.
Version : 1.1-20251027
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Ce texte a été décrit comme une révélation de Jamyang Khyentsé Chökyi Lodrö, apparemment parce qu’il figure dans l’édition de 2012 de ses œuvres réunies (mais pas dans les éditions antérieures) ; néanmoins, cette inclusion est attribuable au fait qu’il ait compilé le texte. L’édition Ya chen (voir la bibliographie pour les détails) s’achève sur cette note : « Bien qu’il semble y avoir deux éditions différentes de cette prophétie pour les temps à venir par l’enseignant suprême, le Seigneur des Sages, celle-ci provient du texte original que Khyentsé Chökyi Lodrö, Vajradhara en personne, a compilé pour le bien des êtres de l’ère déliquescente, et qui fut imprimé à Delhi en 1979 par Tséring Tashi du Sikkim, secrétaire de la maison d’édition du Gyalwang Karmapa. Voir aussi les versets de bénédictions composés par Jamyang Khyentsé Chökyi Lodrö, qui sont annexés à l’édition gSung 'bum du texte : https://www.lotsawahouse.org/fr/tibetan-masters/jamyang-khyentse-chokyi-lodro/dedicatory-verses-for-clarifying-light-prophecy. ↩
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Dans l’édition mChan bu, cet hommage est précédé de « Namo guru lokeśvaraye (sic) ». ↩
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Le mois du tigre est le premier mois de l’année. ↩
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Ya chen : rang gi rjes su 'brang dbang med. gSung 'bum : rang gi spyod dbang med. ↩
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Ya chen : lam la 'gro bar mig gis mi mthong. gSung 'bum : lam la 'gro ba'i mi mi mthong (« les personnes qui se déplaceront sur des chemins seront invisibles »). ↩
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Ya chen : rgyal khams kyi khang pa rnams stongs par 'gyur ro. gSung 'bum : rgyal khams dang khang pa rnams stong par 'gyur (« les pays et maisons seront déserts »). ↩
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Ya chen : chags med du. gSung 'bum : cha med du. ↩
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Il s’agit des quatre niveaux ou classes (varṇa) de la société indienne : la classe des dirigeants ou guerriers (kṣatriya), celle des marchands (vaiśya), celle des travailleurs (śūdra) et celle des prêtres (brāhmaṇa). ↩
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gSung 'bum ajoute tshe 'di la yang (« même au cours de la même vie »). Ces quelques mots ne figurent pas dans Ya chen. ↩
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Nous avons ici suivi gSung 'bum (592.4) : 'jig rten na sdug bsngal bdun yod. Ya chen lit mi la sdug bsngal bdun yod. ↩
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Nous avons suivi gSung 'bum (dud 'gro blun rmongs kyi sdug bsngal), alors que Ya chen liste la troisième souffrance comme étant celle des asuras. ↩
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D’après gSung 'bum : mi la skye rga na 'chi dang mi khom pa dang dbul 'phong lta ba log 'dzin gyi sdug bsngal. ↩
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D’après gSung 'bum. Dans Ya chen, la cinquième souffrance consiste à avoir des vues erronées. ↩
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D’après gSung 'bum. Dans Ya chen, on lit simplement lha tshe ring po'i sdug bsngal. ↩
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D’après Ya chen : pha bong tsam. gSung 'bum lit bong ba tsam (« la taille d’une motte de terre »). ↩
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Ici, le terme tibétain (mtsho chen po) pourrait désigner soit une mer, soit un grand lac. ↩
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Selon AZR, cette phrase pourrait faire référence à des gens instables ou inconstants qui entreprennent des retraites de montagne à la place de pratiquants plus stables. ↩
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Selon AZR, ce vers pourrait faire référence à des pratiquants doués qui restent cachés ou font profil bas. Pensons, par exemple, à une épée qui serait toujours conservée dans son fourreau, de sorte que personne ne connaisse son tranchant et sa force. ↩
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D’après Ya chen : las rnams nyes skyon de rnams kun. gSung 'bum lit las ngan nyes rkyen de rnams kyis (« ces actions mauvaises et ces conditions néfastes »). ↩
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D’après Ya chen : gaṅgā'i ting nge 'dzin. gSung 'bum lit gang gi ting nge 'dzin. ↩
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gSung 'bum ajoute btang snyoms su lus nas (« le négligeant par indifférence »), mais ces mots ne figurent pas dans Ya chen. ↩
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gSung 'bum précise bcoms ldan 'das kyis (« Le Bienheureux répondit »), ce qu’omet Ya chen. ↩
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D’après A 'dzom : mi la la grib kyi nad kyis zin nas 'chi. NLMa, NLMb, NLMc, Ya chen et gSung 'bum contiennent quant à eux les mots 'gril nas 'chi (« mourir massivement » ?). ↩
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D’après A 'dzom : sa rnyil nas 'chi. Ya chen lit la la dran pa snying nas 'chi et gSung 'bum, la la ni dran pa nyams nas 'chi (« certains perdront connaissance et mourront »). ↩
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D’après Ya chen et gSung 'bum. A 'dzom, NLMa, NLMb et NLMc parlent du Cochon (phag) plutôt que du Mouton (lug). ↩
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D’après A 'dzom. Ya chen et gSung 'bum omettent yi ge 'di (« ce texte »). ↩
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D’après gSung 'bum : snga 'dro na nas dgong mo 'chi. Ya chen lit plutôt nam lang nas dgung mo 'chi, et A 'dzom, nam lang nas dgong mo'i bar la 'chi. ↩
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D’après gSung 'bum et A 'dzom. Dans Ya chen, on lit mi bden bsam na bcom ldan 'das kyi bka' yin (« Vous pensez peut-être que ce n’est pas vrai, mais c’est la parole du Bienheureux. »). ↩
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D’après Ya chen : nang dme byed. gSung 'bum dit : rme byed nas zad (« se battre entre eux et disparaître » ?). ↩
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D’après gSung 'bum : dge ba phun sum tshogs pa yis. Dans d’autres éditions, on lit yin au lieu de yis. ↩
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grang ba'i nad. ↩
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gSung 'bum : la la smyo nas 'chi. A 'dzom : la la ni myid pa na nas 'chi (« certains mourront d’une affection de la gorge »). ↩
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Ya chen : la la ni lkog ma na nas 'chi. ↩
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A 'dzom : gdon nad de rnams la sman yod do. Cette phrase de figure pas dans gSung 'bum. ↩
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D’après gSung 'bum et Ya chen : e ma ho/ phan no phan no svāhā/. A 'dzom et mChan bu ont quant à eux e ma ho/ oṃ ma phan ni phan ni svāhā/. ↩
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D’après Ya chen, A 'dzom et mChan bu : gnam sa'i bar gyi mi rnams thams cad snying re rje/. gSung 'bum lit 'jig rten khams kyi mi rnams snying re rje/ (« Comme les gens de ce monde méritent notre compassion ! »). ↩
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D’après gSung 'bum, A 'dzom et mChan bu. Dans Ya chen, NLMa, NLMb et NLMd, on lit sngon yang, ce qui transformerait toute la phrase : « Dans le passé, pour les êtres qui manquaient de foi en ce texte de Dharma, il n’y eut pas de moment de libération. » ↩
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gSung 'bum : de dus mi rnams ngu 'bod kyis gnam sa gang. Cette phrase ne figure pas dans Ya chen. ↩
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gSung 'bum : mi grangs mang pos bdud zas byed. Dans certaines éditions, cette phrase diffère et arrive plus tôt dans le texte. mChan bu : mi grangs mang yang bdud zas byas. A 'dzom : mi grangs med kyang bdud zas byed. NLMa, NLMb, NLMc, NLMd : mi grangs kun kyang bdud zas byed. Elle ne figure pas dans Ya chen. ↩
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Ya chen : gsung pa'i yan lag. A 'dzom et mChan bu : bsrung ba'i sngags (« mantra protecteur »). NLMa, NLMb, NLMc : bsrung ba'i legs (« excellence protectrice »). NLMd : bsrung ba'i srung ba'i sngags. ↩
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Il y a ici des différences d’une édition à l’autre. La plupart de ces différences sont mineures. Notons toutefois que sngon gyi (« lointaine », ou « ancienne ») ne figure pas dans gSung 'bum. ↩
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mChan bu ne contient pas les mots dge ba'i phyir. ↩
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C’est-à-dire le premier mois. ↩
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C’est-à-dire le deuxième mois. ↩
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D’après Ya chen, A 'dzom et mChan bu. Dans gSung 'bum, NLMa, NLMb, NLMc et NLMd, la phrase est à l’impératif, avec la finale gyur cig. ↩
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gSung 'bum : 'di sngon byung 'brug lo la gcig dar/. Dans NLMa, on lit thal au lieu de dar. mChan bu : sngon 'drug lo nang la cha gcig song yang/. ↩
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D’après A 'dzom, mChan bu, NLMa, NLMc : nor bu lta bu'i dgos 'dod 'byung bar gyur cig/. gSung 'bum, Ya chen et NLMd omettent lta bu'i. ↩
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mChan bu ajoute « Puisse ce Dharma du Mahāyāna intitulé Une lampe éclairante : Prophétie des temps à venir être accompli. Ne doutez pas de ce Dharma. Il est prononcé devant l’arbre de la bodhi par tous les bouddhas et bodhisattvas pour les êtres de l’époque dégénérée de la période de cinq cents ans, en vue de dissiper les terreurs de cet âge funeste. Puisse-t-il se répandre dans toute l’étendue de l’espace. Comme le dit le Bodhicaryāvatāra (X, 37), “Dans le chant des oiseaux et le bruissement des feuillages,/ Dans les rais de lumière et même dans le ciel,/ Puissent tous les êtres incarnés percevoir à jamais/ Le son du Dharma en un flot ininterrompu.” Conformément à ce passage, cette prophétie prononcée par le Bouddha est d’abord descendue depuis la vastitude de l’espace lors d’une précédente année du Cheval mâle de Feu. Par la suite, le noble Avalokiteśvara l’a diffusé dans toutes les contrées pour le bien des êtres. À l’avenir, à partir de l’année du Cheval mâle de Feu, étant donné qu’il est dit que diverses crises éclateront graduellement, il est important de prier les Trois Joyaux, qui sont les sources de refuge infaillibles, et particulièrement Avalokiteśvara, le protecteur du Pays des Neiges. Il est également crucial de cultiver la vertu et de cesser les méfaits, et surtout de persévérer dans l’écriture et la récitation de ce texte prophétique comme moyen d’écarter les diverses crises qu’il prédit. Que cela soit une cause, à court terme, de protection contre la peur et de pacification des maladies, famines et conflits, et au bout du compte, d’atteinte de l’état omniscient ! Cette note fut rédigée par le dénommé Chö. Que ce soit vertueux et de bon augure ! » ↩
