Un chant pour introduire la vue

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Khenpo Gangshar

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Un chant pour introduire la vue exacte de la Grande perfection

par Khenpo Gangshar

Plaçant ma tête aux pieds du roi du Dharma, je lui offre mon hommage :
Bénissez-moi afin que je puisse voir la luminosité naturelle.

Eh toi, héritier de la lignée à la chance immense !

Assieds-toi le corps parfaitement immobile,
comme un pieu de chêne planté dans la steppe !

Reste impassible,
les yeux semblables à ceux d'une déité dans une fresque !

Laisse ton esprit se poser, décontracté et détendu,
comme une pièce de tissu étendue sur le sol.

Ainsi posé, dans un espace comparable à un ciel sans nuages où toute conceptualité a cessé, tu feras l’expérience d’une clarté immaculée, aussi transparente que celle d’un cristal sans défaut, qui n'est rien d'autre que la vue ultime de la lumineuse Grande perfection.

Demeure de façon égale au sein de la pure luminosité semblable au ciel d’où la torpeur et l'agitation sont naturellement éliminées et ne se manifestent plus – une méditation non conceptuelle, sans faute et d'une clarté éblouissante. Lorsqu'une pensée s'élève, bonne ou mauvaise, elle est reconnue pour ce qu'elle est et ne perturbe plus. Concentre-toi sur le moment présent et observe ta nature authentique ; sans faire aucun effort, vois ton esprit se détendre à mesure que les pensées sont pacifiées à leur propre place.

Lorsque tu es en mesure de pratiquer pendant de longues périodes, cela peut ressembler, par exemple, à une eau boueuse que l'on agite, puis qu'on laisse reposer – la lucidité innée de l'eau apparaît. De la même manière, lorsque d'innombrables apparences se manifestent et qu'on les voit juste comme des reflets, la clarté naturelle de l'esprit devient encore plus évidente. Cela mène alors à l'émergence sans effort de diverses qualités, telles que les différentes sortes de clairvoyance et ainsi de suite.

Même si le grand Maître de l'Oḍḍiyāna apparaissait devant toi, il n'aurait rien de plus à dire sur la vue de la Grande perfection.

Même si Longchen Rabjam apparaissait devant toi, il n'aurait rien de plus à t'enseigner sur la pratique qui consiste à prendre la pensée comme chemin.

Même si les glorieux vingt-cinq disciples apparaissaient devant toi, ils n'auraient rien de plus à dire concernant cette pratique.

Quant à moi, un yogi, c'est ma pratique et je n'ai pas d’instruction de méditation plus élevée à t'offrir.

Aussi minutieuse que soit l‘analyse à laquelle tu te livres, quand le vent souffle, il disperse naturellement les nuages et on peut voir le ciel. Efforce-toi de voir la clarté vide, l’esprit lui-même, de la même façon – aucune compréhension n’est supérieure à celle-ci. Reste simplement sans rien fabriquer, sans rien analyser et, comme une eau laissée tranquille redevient claire, tu en viendras à voir la vacuité de l'esprit. Il n'y a rien qui surpasse ceci.

Les vues sont nombreuses, mais celle de la vacuité de l'esprit, libre de toute saisie, est la vue exacte de la Grand perfection. Lorsque la mort vient aux yogins qui pratiquent cette méthode, ils sont capables de s'emparer de la claire lumière de la mort.

En entendre parler est bénéfique, mais je prie pour que l'expérience réelle de la claire lumière te devienne évidente.

Écrit par le vieil ignoramus, Gangshar Wangpo. Puisse cela s'avérer significatif !

| Traduit du tibétain en anglais par Sean Price, 2015. Traduit en français sur la base de l’anglais et du tibétain par Ane Samten Palmo et relu par Christian Magis, 2020.

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