Le Grand trésor dharmique des ḍākinī (mkha' 'gro'i chos mdzod chen mo), publié en tibétain en 2017, est la plus grande anthologie de textes composés par des femmes bouddhistes ou se rapportant à des figures bouddhistes féminines jamais compilée en langue tibétaine. L’ensemble compte 53 volumes. Les créatrices de ce précieux trésor font partie d’un groupe de nonnes tibétaines qui ont reçu une éducation classique à la plus grande institution monastique bouddhiste du monde, Laroung Gar, dans la région de Serta, au Tibet oriental. Le Grand trésor dharmique des ḍākinī est le fruit de l’engagement indéfectible de ces érudites cléricales envers la préservation et la promotion des enseignements et des récits de vie de leurs prédécesseures bouddhistes. C’est l’une des publications les plus stimulantes du Tibet moderne, parce qu’elle contient une pléthore de textes jusque-là inconnus et non traduits, couvrant une myriade de genres, ce qui nous permet notamment d’approfondir et de diversifier notre connaissance des déités et figures historiques féminines. Le contenu du Grand trésor dharmique des ḍākinī embrasse deux millénaires, il nous fait traverser l’ensemble du plateau tibétain, et il célèbre – dans une optique non sectaire – des pratiquantes issues de toutes sortes de lignées bouddhistes.
La collection de 53 volumes comprend des extraits des sections du Kangyour consacrées au Vinaya et aux sūtra, des récits sur les origines de grandes déités féminines, des biographies d’enseignantes importantes, des louanges à diverses ḍākinī, des conseils offerts à des pratiquantes, et les œuvres réunies de diverses maîtresses tibétaines, dont Machik Labdrön (1031–1129 ou 1055–1149), Séra Khandro Kounzang Dékyong Wangmo (1892–1940), Do Dasel Wangmo (1928–2018) et Khandro Tāré Lhamo (1938–2003).
L’historique du projet
Le projet dont il est ici question a démarré en 2022 à l’occasion d’un colloque sur la traduction intitulé Celebrating Buddhist Women’s Voices in the Tibetan Tradition, organisé par Sarah Jacoby, Padma 'tsho, Holly Gayley et Dominique Townsend, et financé par la Tsadra Foundation et Luce/ACLS. Cet événement a réuni pendant quatre jours plus de 70 traductrices et traducteurs chevronnés et en herbe intéressés par les écrits se rapportant à des femmes tibétaines. Le matin, on eut droit à des conférences plénières, des tables rondes et divers ateliers, tandis que l’après-midi fut consacré au travail en petits groupes sur des traductions de textes issus du Grand trésor dharmique des ḍākinī.
Pour un résumé du colloque, consultez « Conference Report: The Second Lotsawa Workshop, “Celebrating Buddhist Women’s Voices in the Tibetan Tradition” » de Joshua Brallier, paru dans le Journal of Tibetan Literature. Les enregistrements des séances sont disponibles ici, sur le site de la Tsadra Foundation.
L’objectif
L’objectif ultime de ce projet de traduction est double : 1) rendre librement accessibles autant d’œuvres courtes que possible issues du Grand trésor, dans plusieurs langues, ici même sur le site de Lotsawa House ; 2) publier une série de dix volumes comprenant des traductions anglaises accompagnées des originaux tibétains, via Shambhala Publications, en collaboration avec les nonnes de Laroung Gar qui ont compilé et édité le contenu original.
L’équipe

Holly Gayley
Codirectrice du projet
Holly Gayley est chercheuse et traductrice spécialisée dans la littérature bouddhiste contemporaine du Tibet, et professeure agrégée d’études bouddhistes à la University of Colorado Boulder. Ses travaux portent sur le genre et la sexualité dans les tantras bouddhistes, sur la littérature se rapportant aux femmes tibétaines et himalayennes, sur la réforme éthique au Tibet contemporain, et sur la théorisation de la traduction, tant littéraire que culturelle, dans le contexte de la transmission des enseignements bouddhistes en Amérique du Nord. Elle est l’auteure de Love Letters from Golok: A Tantric Couple in Modern Tibet (2016) ; la traductrice d’Inseparable Across Lifetimes: The Lives and Love Letters of the Buddhist Visionaries Namtrul Rinpoche and Khandro Tāre Lhamo (2019) ; et l’éditrice de Voices from Larung Gar: Shaping Tibetan Buddhism for the Twenty-First Century (2021). Son plus récent recueil de traductions, co-édité par Dominique Townsend, s’intitule Longing to Awaken: Buddhist Devotion in Tibetan Poetry and Song (2024).

Codirectrice du projet
Sarah H. Jacoby est professeure au département d’études religieuses de la Northwestern University à Evanston, dans l’Illinois. Spécialiste en études bouddhistes tibétaines, ses recherches portent sur la traductologie, la littérature tibétaine, les révélations bouddhistes (gter ma), les biographies et autobiographies religieuses, les questions de genre et de sexualité, et l’histoire du Tibet oriental. Elle est l’auteure de Love and Liberation: Autobiographical Writings of the Tibetan Buddhist Visionary Sera Khandro (Columbia University Press, 2014), la co-auteure de Buddhism: Introducing the Buddhist Experience (Oxford University Press, 2014; 2025), et la co-éditrice de Buddhism Beyond the Monastery: Tantric Practices and their Performers in Tibet and the Himalayas (Brill, 2009). Récemment, elle a rédigé des articles sur le bouddhisme et la maternité, de même que sur l’histoire de la sexualité dans le Vajrayāna. Sa traduction anglaise, à partir du tibétain, de l’autobiographie de Séra Khandro Déwé Dorjé (1892–1940) est en cours d’impression. À Northwestern, elle enseigne une gamme de cours en études bouddhistes pour les étudiants de premier cycle et des cycles supérieurs.

Codirectrice du projet
Padma 'tsho (Baimacuo) est professeure au département de philosophie de la Southwest University for Nationalities (Southwest Minzu University) à Chengdu. Elle détient un doctorat de la Sichuan University à Chengdu et une maîtrise de la Central Nationalities University à Pékin. Elle a publié une cinquantaine d’articles et trois livres présentant ses recherches. Ses domaines de recherche et d’enseignement comprennent le bouddhisme tibétain, les rituels, les monastères tibétains, et l’éducation des nonnes bouddhistes dans les régions tibétaines. Son principal article de recherche s’intitule « How Tibetan Nuns Become Khenmos: The History and Evolution of the Khenmo Degree for Tibetan Nuns » (Religions, 2021). Elle a aussi traduit en anglais quelques écrits de nonnes tibétaines, notamment « In Praise of Jetsünma Mumtso » dans Longing to Awaken: Buddhist Devotion in Tibetan Poetry and Song (Virginia, University of Virginia Press, 2024). En outre, elle a publié des articles dans des revues telles que Contemporary Buddhism, China Tibetology, Journal of Ethnology, Sichuan Tibetan Studies et Asian Highlands Perspective. Enfin, la professeure Padma 'tsho a été chercheuse invitée dans plusieurs universités nord-américaines, dont Harvard, Columbia, University of Virginia et CU Boulder.
Morceaux choisis
Voici des exemples de textes publiés dans notre section dédiée au Grand trésor des ḍākinī:
Séra Khandro a composé ce récit versifié, approprié pour une récitation quotidienne, en 1929, soit deux ans après avoir terminé une autobiographie plus longue et détaillée. À l’instar de nombreux autres textes autobiographiques issus de la tradition tibétaine, l’histoire elle-même est un enseignement de Dharma : elle démontre à quel point il importe d’écouter son cœur, de persévérer face aux difficultés, et de cultiver une confiance et une dévotion totales. La traduction anglaise, à partir du tibétain, fut réalisée par Christina Monson.
Ce texte poétique et évocateur est une prière d’aspiration à renaître dans le champ pur de Tārā, « la Terre pure aux feuilles de turquoise » (g.yu lo bkod, que l’on pourrait encore traduire par « Agencement de pétales turquoise »).
Versets d’hommage à la princesse et ḍākinī Mandāravā (8e siècle), l’une des principales partenaires de Guru Padmasambhava.
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